RoboCop est aujourd'hui une référence culturelle majeure pour garçons pré-pubères et une machine à fric grand public, considéré par beaucoup comme un divertissement commercial creux.


Pourtant, à l'instar de Predator, Rocky ou Rambo, cette réduction peu glorieuse ignore totalement le film magistral qui l'a fait naître, à cent lieues de ses suites, adaptations et dérivés commerciaux. Si certains crachent sur ces déclinaisons ingrates, il faut justement y voir une des plus grandes réussites du phénomène : la création d'une icône de blockbuster qui, bien qu'arrivée très tardivement (1987), a très vite rivalisé de popularité avec les plus célèbres super-héros.


Pour parler du film en lui-même, il reste très divertissant aujourd'hui encore, son scénario tient encore bien la route (une pertinente dualité Homme/Machine via une quête vengeresse intelligente et très humaine) et sa mise en scène ne souffre aucun défaut. Sa plus grande force est cependant la critique agressive qu'il fait de sa société futuriste. Société aux dérives assez proches de notre société actuelle, avec ses programmes TV insipides ("J'en prendrais pour un dollar !"), sa banalisation de la violence (la criminalité galopante, le mythique Clarence Boddicker et sa bande d'affreux sadiques), son capitalisme écoeurant (Morton, Jones, l'OCP...) et plus largement sa déshumanisation globale inquiétante voire terrifiante. Ces nombreux travers anticipés avec justesse donnent au film des échos prophétiques eux aussi brillamment anticipés au vu du nombre de symboliques bibliques du personnage principal qui devient notre "Messie" dans ce futur décadent.


Au final un chef d'oeuvre visionnaire à la réputation ternie, pas du tout familial mais au contraire très trash et violent mais aussi très divertissant et intelligent.


Très attendu (ou pas...), le remake de José Padilha, auteur de l'excellentissime dyptique Troupe d'Elite, servira au moins à (re)donner quelque noblesse à ce vieux classique. Espérons que ce ne sera pas là sa seule utilité (Non, non, je ne pense pas du tout à Total Recall...)

LynxBleu

Écrit par

Critique lue 627 fois

10

D'autres avis sur RoboCop

RoboCop
StandingFierce
9

Le Miroir aux Alouettes

-"Hey mec j'ai une super idée!" -"Je t'écoute" -"On va faire un film qui démonte la société de consommation capitaliste." -"Et comment on le vends le film après? pauvre gogol lol" "-T'as raison, on...

le 12 oct. 2013

129 j'aime

34

RoboCop
Sergent_Pepper
8

50% blockbuster, 50% auteur, 100% Verhoeven.

C’est bien à la fameuse politique des auteurs que je dois le visionnage de ce film. Lorsqu’un réalisateur singulier et malin s’empare d’un sujet aussi puissamment commercial, on est à l’affut de la...

le 1 mars 2014

126 j'aime

20

RoboCop
Gothic
9

Human After All

Si vous n’avez pas vu "RoboCop", quittez cette page. Vous avez 20 secondes pour obéir. En surface, ce diamant brut du hollandais peut être perçu comme un simple film d'action, sans profondeur, aussi...

le 14 sept. 2014

86 j'aime

28

Du même critique

C'est arrivé près de chez vous
LynxBleu
5

On peut rire de tout...

Le meurtre de pauvres gens qui n'ont rien demandé, la traque impitoyable d'un enfant qu'on vient de rendre orphelin, un jeu d'ivrognes se moquant éhontément d'un fait divers sordide, le viol atroce...

le 6 janv. 2013

64 j'aime

3

Dupont Lajoie
LynxBleu
9

♫ Douce France ♫

"Dupont-lajoie" est une expression oubliée qui désigne le Français moyen, voire caricatural. C'est aussi le meilleur titre que ce film-choc pouvait avoir car il met justement en scène une pléiade de...

le 9 mars 2013

40 j'aime

22

Blade Runner
LynxBleu
9

Vieux par son âge, futuriste par son scénario, actuel par ses thèmes, intemporel par son génie.

Référence incontestée du cyberpunk à l'écran, Blade Runner est un incontournable monument dont la magnificence visuelle et sonore sublime un film certes difficile mais fascinant de richesse et...

le 30 sept. 2012

32 j'aime

3