RoboCop par Nicolas Montagne
Après un La Chair et le Sang totalement bâclé comparé à l'ampleur du projet, Verhoeven se voit tout de même offrir les portes d'Hollywood en qualité de créateur accrédité. Il décide donc d'adapter un film que tout le monde pensait infaisable: l'adaptation du comic Robocop. Il est vrai que la violence graphique et l'a priori ridicule transposition dans la réalité d'un flic qui devient un robot avait de quoi rebuter même les plus exigeants. La nouvelle de la préproduction est donc accueillie avec plus ou moins de réticence...
Cependant, à la vision du résultat, on ne peut s'empêcher d'être admiratif. Loin d'être ridicule, ce Robocop est impressionnant, et Weller fait tellement bien surgir la dimension tragique de ce personnage que le tout passe avec une facilité déconcertante. La violence susdite est extrêmement bien retranscrite, Verhoeven oblige, sans tomber dans la gratuité. On aura d'ailleurs droit à quelques séquences phare comme celle où un gros méchant fond au contact d'un liquide toxique, ou encore à celle de l'attaque du nouveau modèle de robot qui n'est pas fait pour les escaliers. Les effets spéciaux, véritables prouesses,seront d'ailleurs récompensés du prix de l'excellence au festival d'Avoriaz pendant lequel on est bluffé par une si grande réussite dans son ensemble.
Critique grosse comme une maison du capitalisme et des avancées scientifiques, Robocop met en scène un policier ordinaire qui, après s'être fait tuer lors d'une séquence particulièrement insoutenable de violence, devient sans le savoir un robot flic créé pour incarner la fin de la menace criminelle à Detroit. La question devient donc: peut-on, sous prétexte d'intérêt général, voler la mort d'une personne? Bien sûr que non, d'autant que, sous couvert de l'intérêt général, on trouve une énorme volonté de faire du fric tout simplement.
En bref, Verhoeven réussit là où d'autres auraient échoué: mettre en image une bd politique de manière aboutie, conjugant spectacle et art.