J'en suis le premier surpris, après avoir vu le film que je redoutais le plus depuis des mois, je veux le défendre face à ses détracteurs les plus virulents dont j'ai failli faire partie! Soyons clair, rien ne remplacera le film de Verhoeven dans mon cœur.
Je suis graphiste, c'est un rêve de gosse que j'essaye de réaliser, que de participer à mon tour à la création d’œuvres originales en tous genres. Et malgré la violence du premier film Robocop, c'est un film que j'ai vu gamin, et aucun personnages ne m'aura autant marqué qu'Alex Murphy. Le premier personnage de licence que j'ai reproduis en dessin de ma vie. Je suis devenu cinéphile grâce à mon frère, et le film est resté pour moi un exemple d'efficacité, de rythme, de suggestion, de narration et de divertissement avec un questionnement pertinent.
Les années passant, j'ai préféré focaliser mon intention sur les éléments qui ont permis cette réussite comme la musique de Basil Poledouris et le travail de Verhoeven plutôt que de butter bêtement sur les rares effets vieillissant du film, qui date de 1987 tout de même. Le réalisateur a largement acquis mon respect et mon admiration après avoir enchaîné Robocop avec notamment Total Recall et Starship Troopers. Et suite à la sortie du catastrophique et lamentable remake de Totall Recall en 2012, je ne pouvais qu'être pessimiste à propos de celui de Robocop. Surtout dans le contexte actuel des blockbusters hollywoodiens, uniformisés, aseptisés, faciles, pauvres, misant tout sur un feeling tout public, des effets numériques coûteux, un ton le plus sérieux possible malgré deux-trois blagues potaches ou fan service.
Malgré tout si ce remake de José Padilha (que je ne connaissais pas) fait partie de cette vague, il sera pour moi le ou l'un des meilleurs d'entre eux. Car il comporte ce défaut récurent de la caméra « fofolle », tremblotante mais aussi des plans maladroits, des mouvements presque illisibles en action et inutiles dans des scènes plus posées. Il n'y à d’ailleurs rien de notable dans esthétique de la réalisation de Padilha. Comme tous les blockbusters actuel et contrairement à ceux des années 80, il s’interdit le second degré et la légèreté pour tout traiter son film le plus sérieusement possible le rendant moins divertissant et plus fragile face au reproches de crédibilité et de cohérence. Le film est moins violent, les effets sont réussis mais moins marquant pour sa génération et la musique est insipide.
Et comme ultime défaut, il ne raconte rien de plus que l'original mais fait comme ci en développant parfois inutilement, tous les thème et intrigues assez longuement. Cependant il ne perd en rien la substance du propos, tout y est et tout fonctionne. Les acteurs ne sont pas extraordinaires mais bien au niveau de l'original ou de n'importe quel bon film d'action. Ce n'est pas l'exemple d'efficacité de celui de Verhoeven mais ce n'est pas non plus mal rythmé, ni ennuyeux. Le coté satyrique ne se traduit plus dans des publicités avec de l'humour mais par le show de Samuel L.Jackson. La prothèse est finalement très jolie et réadapte fidèlement celle de 87, jusqu'à ce que le méchant qui représente bien les producteurs actuels d'Hollywood, la modifie pour en faire un truc moche et déjà vu. Heureusement à sa mort, on reviens à la première version. C'est modernisé mais ce n'est pas mal fait. Le sujet est toujours pertinent et plus malin que ce que l'on peu voir récemment. Et les variantes sur l'histoire et la façon de se la réapproprier justifie un minimum d’intérêt.
Loin de moi l'idée de dire qu'il est au niveau de l'original, et cela me chagrine que des jeunes puisse apprécier celui ci et non l'ancien. Je trouve toujours détestable l'idée de faire des remakes passe-partout de Verhoeven sans avoir les couilles de lui proposer de faire un nouveau film. Mais ce Robocop 2014, sans arriver à se détacher du triste contexte artistique et commercial de son époque, n'en est pas moins l'un des films d'action- science-fiction les plus respectables de son temps, là ou le remake de Total Recall n'a absolument rien pour le sauver. On sent à plusieurs reprise dans le film que le réalisateur aurai pu aller beaucoup plus loin sans les contraintes des studios. Mais enfoncer ce film avec une note de 2 ou 3 c'est mettre du 0,1 à Battleship, Transformers et consort. Une triste époque je vous l'accorde.
