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En tant que fan absolu du film de Paul Verhoeven j'attendais ce remake le flingue à la ceinture, prêt à le dégommer dès la première seconde. Enterré dès son annonce par une horde de fanboys déchaînés, RoboCop version 2014 a souffert d'une effroyable publicité sur les internets. PG-13 (déconseillé aux moins de 13 ans non accompagnés d'un adulte), armure à la Iron Man, réalisateur quasiment inconnu au bataillon, tous les éléments semblaient réunis pour une catastrophe made in Hollywood malgré un casting assez prestigieux (Samuel L. Jackson, Gary Oldman et Michael "Julien Lepers" Keaton). Et bien surprise, ce n'est pas le cas.
Dès la séquence d'ouverture du film, les premières craintes sont dissipées. Brutale malgré l'absence de violence graphique, PG-13 oblige, elle est immédiatement suivie par un journal télévisé vantant les mérites de l'Omnicorp alors que le célèbre thème musical de Basil Poledouris retentit. NERDGASM JAI SOUILLAY MON CALBUTE 10/10. Joie et allégresse, José Padilha a parfaitement compris ce qui faisait la force de l'original. Et ça fait du bien quand on voit le niveau des remakes sortis ces dernières années. Conan 2011 et Total Recall 2013, c'est de vous que je parle.
Le film multiplie les références à son illustre aïeul (le fan éclairé n'aura aucun mal à les reconnaître), tout en prenant de la distance. Dans cette nouvelle version, RoboCop a été développé afin de manipuler l'opinion publique et permettre plus facilement l'arrivée de drones dans les forces de police de Detroit. Detroit n'a d'ailleurs pas grand chose de la ville gangrénée par le crime du film original, mais j'y reviendrai. Parmi les autres grosses différences, la mémoire du très malchanceux Alex Murphy n'a pas été effacée. Un choix plutôt osé, mais n'ayant pas que des avantages. Ah, et Lewis est un mec.
Tout comme son modèle, RoboCop 2014 n'oublie pas d'être un blockbuster avec des scènes d'action très efficaces à défaut d'être fantastiques. Si on peut regretter le changement de design de l'armure (plutôt logique, n'oublions pas que l'original date tout de même de 1987), on assiste à certaines scènes, notamment au début, où notre justicier retrouve son armure couleur bleu pâle. Ultime friandise offerte aux fans, qui démontre une fois de plus les bonnes intentions de l'équipe chargée de ce remake.
Alors pourquoi 6/10 ? Et bien si j'éprouve un grand respect pour ce remake, quelques défauts viennent noircir le tableau. Comme je le disais plus haut, Detroit n'a quasiment plus rien de la ville glauque, dégueulasse et suintante du film de Verhoeven. Cette nouvelle version passe beaucoup trop de temps à décrire le développement et l'entraînement du RoboCop. Alors ok, c'est cool de voir le cyborg défourailler des drones de combat dans son armure rutilante, mais j'aurais préféré le voir plus souvent dans la rue à répandre la justice. Si les acteurs sont plutôt bons (Samuel L. Jackson parfait en télévangéliste, Michael Keaton assez doué en salopard de première) Gary Oldman fait la plupart du temps du Gary Oldman post-Batman Begins, à savoir le rôle du gentil mentor. Il n'a pas l'ambivalence de son prédécesseur, dont les intentions "pures" étaient dévorées par son désir de réussite personnelle. Le fait qu'Alex Murphy ne soit pas amnésique et reste en contact avec sa famille était plutôt une bonne idée mais fait sombrer le film dans le pathos, chose que l'original avait réussi à éviter. En ce qui concerne les méchants, aucun n'a la carrure d'un Richard Jones et encore moins de l'inoubliable Clarence Boddicker malgré des efforts louables. Enfin, je ne peux pas m'empêcher de regretter la classification PG-13. Je sais bien que RoboCop ce n'est pas que de la violence graphique, mais j'aime les gerbes de sang et les prothèses qui explosent.
RoboCop n'a rien du désastre annoncé. Il est certes très imparfait et ne remplacera jamais son aïeul, mais il le respecte suffisamment pour attirer ma sympathie. Pas le film de l'année mais un chouette remake, et c'est déjà pas mal.