On aurait pu considérer Robowar comme le Saint Graal du nanar s'il n'avait pas seulement été insupportable. C'est au niveau du son que cela se joue. S'il tente de reproduire la recette du génial Predator, c'est qu'il l'a si mal comprise qu'il la repompe jusqu'à la parodier, rendant imblairable ce qui faisait les qualités les plus novatrices de l'oeuvre de McTiernan. Outre l'invisiblité qu'on ne retrouvera que dans une courte scène (représentée par de la lumière dans un arbre, jusqu'à ce qu'on se rende compte que c'était une feinte, puisqu'il n'y a qu'un cadavre), c'est surtout la capacité de s'exprimer qu'à notre superbe machine qui empêche de vraiment prendre son pied.
Parce qu'entre deux imitations de Schwarzy (les répétitions de "Major" sont fantastiques) et trois désastreuses de Sonny Landham (le Billy de Predator, affreusement repris par un acteur ridicule), cette machine, sortie des tréfonds de l'enfer, dialogue dans une langue constamment incompréhensible, qu'on pourrait prendre pour de l'italien non traduit si l'on ne parvenait pas, parfois, à distinguer quelques mots de français (notamment le distingué et très aigu "feu!") qu'on espère ne pas avoir inventés.
Ces passages, répétitifs et réutilisants plusieurs fois les mêmes plans (on se souvient de celui de tir durant le générique d'introduction, récyclé au total cinq fois dans le film), tapent sur le système par la seule voix insupportable de notre machine, qui en plus de voir en pixels dégueulasses (c'est un combat pour discerner la moindre forme humaine au travers de cette merde), est impossible à comprendre quand elle tente de s'exprimer.
Pire que cela, on ne la craint que pour sa voix, plus pour ses meurtres. Des assassinats cutés n'importe comment, rarement montrés (si ce n'est jamais), et dont certains tentent, toujours en mal, de repomper ceux du film d'origine (on se souvient tous du sacrifice de Billy, comiquement repris sans en avoir compris le sens). Il est là le problème principal de Robowar : si l'on ommet le fait qu'il soit réalisé n'importe comment (Bruno Mattei en même temps), qu'il est interprété sans aucun talent (Massimo Vanni, fils caché de Chuck Norris et Michael Bay, vend du rêve), c'est le manque de compréhension de l'oeuvre originale qui le plombe le plus.
Parce qu'il s'évertue à reprendre des scènes qu'il place finalement dans le désordre, puisqu'il ne saisit jamais leur importance thématique, graduelle, explicative. Prenons la scène de sauvetage de la femme : auparavant sauvée durant l'attaque du camp de guerilleros, une nouvelle scène de combat est ici ajoutée pour qu'elle soit secourue sur une route, loin du camp, en gardant tout de même pour plus tard le massacre des guerilleros (avec un supplément "on bute des enfants involontairement" absolument hilarant).
C'est qu'il termine par ruiner sa propre chronologie, à force de trop vouloir reprendre sans comprendre; de même pour cette conclusion sur la plage, où pensant le méchant enfin battu (même si trop rapidement), le spectateur finira "surpris" de le voir revenir pour une ultime scène de combat, et surtout pour reproduire la fameuse séquence culte de Schwarzy dévalant les cours d'eau pour chuter d'une cascade magnifique (avec un supplément de suicide sacrificiel des plus illogiques et tragi-comiques).
Certes mauvais, franchement très drôle, Robowar tient du nanar pour tout ce qui fait un bon délire cinématographique entre potes : mauvais dialogues, recherche perpétuelle de la punchline aiguisée, désir de faire toujours plus spectaculaire (les mêmes plans d'explosion sont repris fréquemment), dramatique (les acteurs surjouent à la mort), effrayant (les passages de caméra à la première personne sont filmés trop bas pour représenter les soldats ou le robot), doublages faramineux, effets spéciaux d'un autre monde. C'aurait été un plaisir total s'il n'avait pas été aussi agaçant sur sa bande-son, encore que son thème principal, trois notes qui se courent après sur un synthé, vous en donnera pour votre "argent".