Le caprice

Deuxième long métrage de la marocaine Laïla Marrakchi, "Rock the Casbah" marque le retour attendu d’une réalisatrice de talent, après “Marock” en 2005.

Comme le veut la tradition, une famille tangeroise se retrouve pendant trois jours pour faire le deuil du défunt père. Sur fond de secrets de famille et de règlements de compte, le film raconte les tribulations de trois soeurs dans un Maroc tiraillé entre tradition et modernité.

Seulement voilà, rien ne fonctionne correctement dans ce film. Absolument rien. Malgré des efforts techniques notables et un certain professionnalisme esthétique, Laïla Marrakchi passe complètement à côté de son film. Les dialogues respirent la vacuité et le simplisme, là où complexité et nuance auraient été salvateurs. Le discours sur la femme arabe dans une société traditionnelle est d’une lourdeur qui traduit un déficit d’écriture et un manque de profondeur flagrant. Les discours sont téléphonés, stéréotypés et segmentants. Les personnages, aussi superficiels et caricaturaux, servent au final un scénario classique et banal.

Somme toutes, toutes les maladresses de son premier film "Marock", apparaissent d’un charme fou après "Rock the Casbah". Ce dernier n’a tout bonnement aucun intérêt et apparaît à mon sens comme étant le simple fruit d’un caprice. "Marock" avait au moins le mérite et la grandeur d’avoir provoqué un débat sociétal nécessaire, faisant ainsi bouger certaines lignes.

Et c’est bien parce que Laïla Marrakchi est talentueuse que je ne pardonne rien. Et je ne pardonnerai JAMAIS au film d’avoir littéralement flingué Nadine Labaki, Hiam Abbass et Lubna Azabal, trois actrices exceptionnelles. Ambassadrices du cinéma arabe en Occident, rassembler ces trois grandes figures s’avère être un fiasco. Avec des personnages aussi lisses, ces actrices accumulent les faussetés au point de m’être senti gêné pour elles. C’est avec cette insistance de l’esthétique, couplée à l’obsession d’un casting 5 étoiles et une envie de retranscrire sa propre vie à l’écran que Laila Marrakchi rate complètement le coche.