Je n'avais jamais vu "Rocky" en entier jusqu'à il y a quelques jours. Je connaissais bien sûr la fameuse scène de l'entraînement, et je reduisais en fait le film à cela: une histoire de gros muscles sans profondeur. J'ai donc été très surprise: par le rythme du film d'abord, très lent (surtout au début), ce qui permet d'installer avec sensibilité l'atmosphère glauque mais pleine de trésors d'humanité de la banlieue de Philadelphie, et par l'importance que prennent les des dialogues, qui ne se limitent pas uniquement aux discours "motivation" qui gangrènent les films mettant en scène des defis sportifs. Il faut voir le film en version originale, le charme des accents italo-americains de la banlieue philadelphienne disparaît totalement avec la traduction française.
L'histoire, elle, est moins celle d'un combat contre le champion du monde Apollo Creed que celle d'un combat contre soi-même que Rocky mène pour réaliser son propre potentiel. La boxe ne vaut pas en elle-même, elle est plutôt un moyen d'introspection et de transformation. Et la victoire finale, elle est bien effective malgré la défaite sur le ring, puisque l'amour d'Adrian, c'est ce qu'il a réussi à décrocher. Le message film c'est finalement ça: se dépasser pour être à la hauteur de soi-même et de ceux qui croient en nous.
En parlant d'Adrian: qu'est-ce que cela fait du bien, quand on est tant habitué à l'hypersexualisation des actrices dans le cinéma d'aujourd'hui, de voir un film où le "love interest" du héros n'est pas déshabillée et détaillée par la camera. Je crois même qu'on ne la voit jamais autrement qu'en manteau d'hiver et bonnet! Le charme de sa "banalité" et de sa timidité opère très bien pour en faire un personnage attachant qui complète parfaitement le volubile Rocky.