Seize ans après Rocky V et après avoir essuyé pas mal d'échecs durant ce début de millénaire, Sylvester Stallone décide contre toute attente de faire revenir son rôle fétiche de Rocky Balboa au cinéma. Une idée pas si saugrenue que ça, l'acteur se remettant lui-même en question à travers son personnage vieilli mais toujours enthousiaste au fond de lui. Intitulé simplement Rocky Balboa, le film joue avant tout la carte de l'émotion plutôt que de filmer bêtement des matchs de boxe sans intérêt...
Stallone filme donc avec amour un Rocky vieux, veuf, une vieille légende, le père d'un fils qu'il tente désespérément de renouer contact avec, lui qui a vécu sous l'ombre d'un paternel brillant sans cesse sous les strass et les paillettes. L'acteur-réalisateur place également de nombreuses références évidentes au premier film datant d'il y a déjà trente ans, par le biais de flashbacks mais aussi de personnages oubliés faisant une agréable réapparition comme Spider Rico (le premier boxeur que Rocky bat au début du film de 1976) ou encore Marie, la gamine vulgaire qui a aujourd'hui bien grandi et avec qui l'Étalon Italien va nouer des liens.
Le scénario de ce sixième film se rapproche donc énormément du premier, finissant comme il avait commencé. Déchiré entre sa vie posée et sa rage de vaincre à nouveau, le personnage bien connu du réalisateur vit une dernière aventure déchirante à travers un long-métrage soigné qui propose une nouvelle vision du dépassement de soi et surtout de la hargne qui sommeille en chaque homme et qui lui fait dire "Pourquoi rester encore en vie ?" Et si l'on regrettera un adversaire insignifiant (le jeune boxeur Antonio Tarver, piètre acteur) et un ultime combat finalement pas très mémorable, l'essentiel est sauf : nous retrouvons avec plaisir le plus adulé des boxeurs du cinéma pour un dernier film fantastique, sincère et réussi, comme un adieu émouvant à une saga d'ores et déjà ancrée dans le 7e Art.