Stallone signe là une suite digne du premier volet. Une suite qui paraît logique et pertinente car l'auteur ne se contente pas de refaire ce qui a été fait : les enjeux diffèrent, et l'on sent même le projet toujours autobiographique* dans l'abord de la question de la célébrité et des conséquences que cela peut avoir dans la vie intime. Sly n'abandonne pas non plus ses premières thématiques : ainsi il traite toujours de la misère sociale de l'époque, d'une Amérique en pleine chute où Rocky n'a d'autre choix que de faire quelque chose qu'il n'a pas très envie de faire pour survivre.
Le scénario est donc assez prenant. Dommage que cette première heure frôle à nouveau le misérabilisme (un peu plus que dans le premier épisode) de par le fait que Rocky n'a pas vraiment d'issue, ne peut rien faire pour s'en sortir financièrement. Mais la deuxième heure montre une porte de sortie, reste alors à convaincre le personnage de l'emprunter. C'est assez fort, assez triste aussi : voir un homme qui a abandonné ses rêves au point d'y renoncer quand une opportunité se présente. En même temps il a de bonnes raisons. La dernière demie-heure sonne davantage comme un remake du premier film et n'apporte donc que très peu de surprise si ce n'est un moment fun à voir (la remontée après le déclin). Le tout début est un peu foireux puisque consiste à reprendre les dernières minutes du précédent film. Autre curiosité : Rocky et Adrian vont au zoo... après les dialogues à ce sujet dans le premier film, c'est assez bizarre qu'il l'emmène là.
Côté mise en scène, Stallone s'en sort assez bien. Pas de plans grandioses, mais on sent bien la volonté de faire les choses en plus grand : ainsi, cette fois, le combat comptera réellement beaucoup de spectateur. Il y aura même 800 figurants enfants lors d'une scène de rue où ceux-ci courent après lui. Cette volonté de tout corriger ne posera aucun problème à Stallone qui parvient à bien rythmer la plupart de ses séquences. Bénie soit l'époque où l'on ne foutait pas de l'action partout et où les personnages étaient approfondis. Le combat finale est très bien monté, plein de dynamisme, clairement meilleur que dans le premier film au niveau du montage/découpage. En revanche, la chorégraphie passe un peu moins bien au niveau technique : impossible de distinguer une différence entre la fausse garde et la vraie (à part que Rocky devient soudainement plus agressif). Mais c'est seulement au niveau technique, car pour ce qui est de donner et recevoir des coups, c'est assez magnifiquement rendu. Pour tout dire, c'est cette dernière séquence qui fait remonter la note du film (notamment grâce à une recherche esthétique, par exemple avec des ralentis).
Bref, "Rocky II" n'est pas exempt de défaut (trop de longueurs, comme dans le premier film en fait, et un peu trop de misérabilisme par moment) mais gagne tellement en tension dans la deuxième heure que l'on ne peut pas vraiment passer un mauvais moment.
PS : il y a quand même quelque chose qui m'a agacé dans l'histoire : tout au long du film on nous parle de l’œil droit de Rocky qui ne fonctionne presque plus et qui sera HS s'il reçoit trop de coups dessus : cette crainte est suffisante pour le bloquer dans son envie de remonter sur un ring. Une fois le combat commencé, plus personne ne mentionne cela, et Rocky s'en prend plein la tronche sans que cela n'affecte jamais sa vision (il parvient même à esquiver des coups qui viennent de la droite. Ce n'est pas très grave, cela n'empêche pas le fun des scènes, mais c'est dommage de ne pas avoir été au bout de l'idée.
- : en effet, ça ne fait jamais que parler du flop de ses deux films qu'il a sortis après "Rocky" : "F.I.S.T." et "Paradise Alley" (qu'il avait écrit en même temps que Rocky et qui fut sa première réalisation) ; l'acteur a même reçu un prix du plus mauvais film pour son film de catch, sacré coup dur après avoir été acclamé pour son film de boxe.
BONUS : http://image.noelshack.com/fichiers/2015/18/1430385182-rocky-ii.jpg