Après le succès surprise du premier Rocky, film qui suivit, quelque part, les traces de son héros, Sylvester Stallone voulut poursuivre l’aventure et, fort de ce succès, et malgré une expérience encore réduite à ce niveau, il obtint les points pouvoirs en réalisant à son tour son propre Rocky, et sonner l’heure de la revanche.
Rocky II a la bonne idée de débuter sur le combat final du premier film, pour nous replonger d’emblée dans l’action et la tension de cet affrontement légendaire, consacrant l’abnégation de Rocky malgré une défaite au score. A la gloire des deux hommes qui se sont opposés dans un combat dantesque succède la douleur, une ambulance les conduisant aussitôt à l’hôpital, prenant la même route que Rocky parcourait à pied pour s’entraîner. Combattants puissants tenant sur leurs deux jambes durant quinze reprises, les voici tous deux en fauteuil roulant, harcelés par une horde de journalistes voulant recueillir leurs impressions à chaud. Pour Rocky la décision est déjà prise, c’était le combat d’un soir, mais pour Apollo, les comptes ne sont pas encore bons. Malgré tout, Rocky n’aspire plus qu’à vivre une vie simple et ordinaire, désormais facilitée par les gains obtenus suite à son match, et à la notoriété qui en découle également.
Ce Rocky II va donc emprunter le chemin très balisé de la construction de la vie de famille américaine ordinaire, avec la volonté pour Rocky, notamment, d’améliorer leur train de vie, en s’achetant une belle voiture, de belles monstres, une belle veste, et une belle maison. Adrian, toujours plus mesurée, le suit pour ne pas freiner l’élan de celui qui est devenu son mari et qui, dans l’enthousiasme, s’avère quelque peu dépensier. Cette vie ordinaire n’est cependant pas si simple à construire, le passé et les facultés de Rocky le limitant dans ses perspectives, que ce soit pour faire de la pub à la télé, ou pour trouver un simple emploi de bureau lui garantissant un quotidien simple et sans histoires. Face à l’urgence du besoin une seule clef va permettre d’ouvrir la porte de sortie : la boxe. Après la révélation et le fait de saisir l’opportunité dans le premier film, Rocky II s’intéresse davantage à la vocation et à la foi, éloignant son héros de ce pour quoi il est fait pour mieux l’y replonger et le faire grandir encore plus grâce à la boxe.
Encore une fois, la majeure partie du film va laisser la boxe de côté, notamment suite à la promesse que Rocky avait faite à Adrian de ne plus remonter sur le ring après les blessures subies au niveau de son œil gauche. Son impuissance face à la situation et les provocations volontairement agressives de Creed, ainsi que la ténacité de Mickey, devenant pour Rocky un véritable père spirituel, finiront par le mener à accepter ce match revanche, mais ce n’est que la bénédiction d’Adrian qui va véritablement réveiller Rocky. A l’image de ce qu’est devenu Rocky auprès du grand public, il est devenu une figure populaire, comme le montre la fameuse séquence d’entraînement où il court sur une avenue devant des centaines d’enfants qui le suivent, sous des drapeaux du monde entier. Rocky est devenu une icône mondiale, un symbole et un modèle pour plein de monde, et c’est aussi cette énergie qui le mène à la victoire. Toute la seconde moitié du film, débutant après l’accouchement difficile d’Adrian, qui la plonge dans le coma, suit cette montée en puissance galvanisante, ce retour à la lumière qui montre que là où tout était si près de s’écrouler, la flamme s’est à nouveau embrasée.
Rocky II vient ainsi reprendre ce côté désespéré qui régnait durant une bonne partie du premier film, pour opérer une montée en puissance encore plus fulgurante et, cette fois, faire triompher son héros, parachevant le succès qu’il avait déjà obtenu dans le premier film, qui le laissait néanmoins sur une défaite. Sylvester Stallone parvient à développer encore plus son personnage pour continuer à écrire sa légende et nous embarque dans ce nouveau film inspirant et émouvant, tout ce qu’on aime dans cette saga.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art