T party
Incroyable, je remonte la note d’un Rocky en le revoyant… Au-début, j’étais même presque plus gaillard que ça tellement je trouve les scènes de courses sur la plage avec la musique 80’s absolument...
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le 15 mai 2013
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7
Rocky III : l'œil du tigre, le second plus gros succès de la saga, devenu culte, pour sa musique notamment, creuse droit et profond le sillon déjà engagé par Rocky II : la revanche, soit la disparition progressive de l'âme de la série.
Rocky II émouvait encore par moments et parvenait à montrer une victoire, certes, mais de justesse, dans la souffrance, et la combativité.
Rocky III délaisse tout cela.
Rocky est au sommet de sa gloire, sur la couverture de tous les magazines, en photo sur toutes les pubs. Il se conforte dans sa puissance et se contente de combats modestes ou légers (l'absurde, mais drôle, combat avec le monstre Hulk Hogan) pour entretenir son mythe et son image médiatique.
Le confort de notre Rocky, se reposant sur ses lauriers, préférant sa villa de luxe, sa Maserati et passer du temps avec son fils et sa femme, Adrian, le pousse à prendre une lourde décision ; à 34 ans, Rocky décide de prendre sa retraite.
Et puis une provocation d'un nouveau challenger le titille, et nous voici repartis pour un tour.
En appliquant un schéma automatique, un pur et simple copier-coller des films précédents (et finalement un schéma très classique du film américain), Rocky III avance en mode automatique, sans âme ni réflexion : volonté d'un dernier combat pour se retirer sur une belle image, entrainement sans conviction, trop au courant de son talent, défaite lors du combat, remise en question, perte du goût pour le sport, décision d'abandon, motivée par la perte d'un bon ami (Mick, Burgess Meredith qui se retire de la saga au bon moment). Un proche (ici sa femme) le remotive, la niaque revient, l'entraînement est réalisé par son ennemi de deux films, Apollo Creed, devenu par miracle son grand ami, un entraînement mythique, pleins de scènes d'effort physique et de dépassement de soi qui s'enchainent.
Le combat a lieu, Rocky en sort vainqueur.
Et puisqu'il reste encore 3 films à la saga (disons deux, puisque Rocky Balboa, le 6, plus de 15 ans après le 5, est un beau film modeste sur la vieillesse), on se dit que c'est, et que ce sera pendant encore (trop) longtemps, reparti pour un tour.
Rocky III signe la disparition progressive de l'âme de la série, comme dit précédemment, parce qu'il ne se concentre plus sur ce qui faisait sa beauté (du moins celle du premier film), l'ascension sociale d'un royal looser, et une belle histoire d'amour. Adrian est dans ce film presque totalement mise de côté, ne se faisant que spectatrice des efforts de son mari (accompagnée de l'à présent chiant et inutile Paulie) excepté dans une jolie scène de motivation sur la plage, qui vaudra à Rocky cette jolie phrase : "Mais d'où tires-tu toute cette force ?".
Ici Rocky, le film comme le personnage, n'est plus motivé que par la volonté de prouver qu'il a des couilles (des guts en version originale), et les combats, moins beaux, deviennent une succession ahurissante et tout simplement irréaliste de coups plus violents les uns que les autres, sans qu'aucun suspense ne demeure (Rocky va gagner, qui en douterait ?).
Plus motivé par un esprit de vengeance et un culte viriliste, une envie d'en découdre, le film manque de panache, et Mr. T n'est plus qu'un méchant parmi d'autres pour lequel, ni Rocky ni le public, n'a de respect.
Rocky devient une machine qui roule sans se poser des questions.
Et la saga devient une machine américaine qui court à sa perte : l'échec involontaire du rêve américain.
On notera néanmoins, dans une esthétique très kitsch (80s obligent), des scènes d'amitiés viriles hilarantes tant elles véhiculent une imagerie gay (corps huilés et suants, batifolages dans la mer, accolades tactiles et regards à visages rapprochés, les yeux dans les yeux), dont on se doute avec du recul qu'elle est involontaire tant elle va à l'encontre de tout ce que le film tente de montrer.
Si elle ne l'est pas c'est alors une preuve d'auto-dérision assumée qui fait plaisir.
Mais on est vraiment en droit d'en douter.
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Créée
le 14 nov. 2020
Critique lue 144 fois
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