Rocky III - L'Œil du tigre par pierrick_D_

"L'oeil du tigre,mec!".Procédure standard pour ce troisième épisode de la célèbre saga,car c'est toujours la même structure qui est utilisée.Rocky vieillit,Rocky se ramollit,Rocky s'éloigne de la boxe et voudrait prendre sa retraite.Hélas il se trouve toujours une machine à parpaings désirant absolument maraver la face d'ange de Rocky devant tout le monde.C'était Apollo Creed dans les deux premiers films mais le champion showman a lâché l'affaire et il est même devenu pote avec le sieur Balboa.Ne croyez pas pour autant que c'est fini car un nouveau furieux surgit des entrailles de l'Amérique profonde avec l'obsession de démolir notre héros et de lui piquer sa ceinture mondiale des poids lourds.C'est un colosse noir coiffé à l'Iroquoise,un type complètement cinglé d'une brutalité et d'une agressivité incommensurables,qui envoie au tapis tous ses adversaires.Il provoque en permanence ce pauvre Rocky qui au départ conserve son flegme mais il finit par céder lorsque le dénommé Clubber Lang se permet publiquement des réflexions de nature sexuelle à l'endroit d'Adrian,la gente madame Balboa.C'en est trop et l'étalon italien remonte sur le ring,où il se fait massacrer par son challenger car voyez-vous Lang a "l'oeil du tigre",cette motivation extrême que ce brave Balboa embourgeoisé a perdue.Il faut donc se réinventer et le désormais ex tenant du titre abandonne la froidure de Philadelphie et son statut d'icône locale pour partir s'entraîner à Miami sous la direction de son ancien rival Apollo,en vue d'une revanche sanglante face au boucher qui l'a humilié.C'est parti pour une longue session de coaching basée sur le mouvement lors de laquelle Creed oblige son poulain à travailler les déplacements en dansant du hip-hop devant la glace et en tapant des sprints sur la plage.Toute la joyeuse équipe a rempilé pour ce numéro trois qui accentue le virage de la franchise vers toujours plus de spectaculaire.Irwin Winkler et Robert Chartoff font prospérer leur petite entreprise et produisent en compagnie de United Artists,la légendaire firme créée en 1919 par Charlie Chaplin,Douglas Fairbanks,Mary Pickford et D.W. Griffith,excusez du peu.L'homme de base du projet est bien sûr Sylvester Stallone,réalisateur,scénariste et titulaire du rôle principal,encore assisté de l'opérateur Bill Butler,dont le Technicolor brumeux sur fond de décors floridiens succède sans coup férir à l'ambiance sombre de la Pennsylvanie,tandis que Bill Conti livre sa musique tonique parfois relayée par des tubes comme l'emblématique "Eye of the tiger" de Survivor.Et puis toute la bande de comédiens habituels se déploie autour de Sly avec Talia Shire en épouse compréhensive et inquiète,Carl Weathers en concurrent devenu ami et coach,Burgess Meredith en vieil entraîneur père de substitution,Burt Young en beau-frère boulet et râleur,Tony Burton en assistant d'Apollo et Bill Baldwin en commentateur des matches de boxe.Les nouveautés viennent de Mister T.,le Barracuda de la série "L'agence tous risques",totalement terrifiant en ambitieux bestial à l'ego démesuré,et du catcheur Hulk Hogan,déchaîné lors d'un mémorable match-exhibition contre Rocky.L'ensemble est dynamique,les rebondissements s'enchaînent agréablement et Stallone,à l'instar de ce que fait Conti musicalement,parvient habilement à introduire des variations dans son scénario,calqué sur ceux des précédents films mais enrichi de décalages et de différences relançant l'évolution des personnages.De manière surprenante se profile une curieuse dimension crypto-gay dans la relation Rocky-Apollo.Il est assez croquignolet de voir ces deux mecs virils danser ensemble en combis fluo moulantes ou s'étreindre dans les vagues de l'océan en petits shorts et débardeurs.Les combats sont quant à eux très impressionnants,grâce essentiellement à Mister T. qui boxe bien et dont la force herculéenne transparait dans les pains effrayants qu'il envoie,alors que Sly est encore une fois déconcertant dans sa manière de s'y prendre,encaissant les bras ballants d'invraisemblables volées de coups.Le mec ignore complètement la notion de garde,ce qui est étonnant même si on sait depuis le temps que ça fait partie de la progression dramatique habituelle qui le voit subir pendant presque toute la durée du pugilat avant de réagir et se rebeller lors des derniers rounds,la résistance étant la qualité première de Rocky,au-delà de ce qui est humainement possible.Note et critique de film de Sylvester Stallone publiées précédemment:"Rocky 2-La revanche"-8.Moyenne:8.