Et bien on m'avait vendu ce film comme étant le plus mauvais de la saga, finalement je le trouve meilleur que les 4 précédents.
Après un 4ème épisode purement spectaculaire, Stallone revient à quelque chose de plus personnel à l'instar des deux premiers films : oui, après 4 films, le bon vieux Sly trouve encore des choses à dire au travers de son alter égo. Cette fois il parle de la passation du pouvoir, mais aussi et toujours de la difficulté à trouver son chemin lorsque l'on a été une star du cinéma. Accepter de rempiller pour des suites, prendre des risques, faire quelques films supposés sûrs de faire péter le box office... Mais vraiment, le plus touchant, c'est cette passation du pouvoir, thème propre à la fin de l'ère reaganienne, qui ne se déroule pas aussi proprement qu'il l'aurait voulu. De plus, Stallone n'est pas tendre avec son personnage qui est bel et bien redevenu une cloche comme à ses débuts (à la base, il avait même prévu de tuer son personnage en fin de film) en plus de régresser socialement. Sans doute le film le plus réaliste aussi depuis le premier film, puisque la victoire de Rocky est bien amère : massacrer son propre poulain, à contrecoeur, dans un combat qui n'est plus vraiment de la boxe (idée géniale). Stallone parvient également à très bien exploiter les situations et les personnages : ça commence avec la bourde de Paulie, puis Adrian qui reprend tout son intérêt, le fils qui devient utile, Rocky qui redevient lui-même (c'est-à-dire une cloche) ; ensuite les situations, c'est-à-dire, les moqueries envers Rocky, la difficulté à s'adapter à cette nouvelle vie, la réorientation logique mais difficile (le défi lancé par Tommy est très fort) et puis surtout la résurrection au travers de l'autre qui mènera à la scène la plus magnifique du film : montage en parallèle d'un Rocky halluciné et de son poulain qui gagne le titre de champion. Précisons aussi que l'on ne tombe jamais dans le misérabilisme comme dans les premiers films, et ce même si Rocky redevient pauvre. Enfin, on reprend le thème du combattant cassé, sauf que cette fois, c'est exploité à fond : Rocky pète vraiment un plomb sur la fin à force de recevoir des coups, c'est peut-être ça, d'ailleurs, qui lui vaudra sa victoire.
La mise en scène est correcte. Pas de différence avec les opus précédents, d'ailleurs, j'ai bien cru que Sly était derrière la caméra encore une fois. Mais non, c'est un autre. On retrouve les lieux avec plaisir, on retrouve même les mêmes plans pour être sûr de ne pas perdre le fan. La séquence du flashback avec Mickey est ingénieusement mise en scène, la séquence en montage aussi et puis surtout le coup de folie sur la fin, avec expérimentation sur des extraits tirés des précédents volets. En somme, le film ne souffre de presqu'aucune chute de rythme (les passages musicaux traditionnels sont tout de même un peu longs). l'on peut aussi reprocher le look ringard du fils lorsqu'il devient un rebel, cela a un peu mal vieilli, mais cela ne dérange pas vraiment.
Bref, j'ai trouvé ce cinquième Rocky hallucinant pour son audace (Rocky ne monte pas sur un ring, quand même !), pour ses thèmes (j'ai quand même eu peur pour la fin, craignant de voir l'étalon italien suivre son traditionnel entraînement de dernière minute, cela aurait cassé tout le film), pour quelques passages expérimentaux sympathiques et puis simplement pour avoir bouclé la saga avec une telle virtuosité. C'est à tel point que je crains le sixième film, et je suis même un peu triste qu'il y ait un spin off puisque tout a déjà été dit au travers de ce film-ci (alors qu'à la base, je n'en étais pas mécontent).