Même structure narrative éclatée que l'on retrouvera dans "La petite marchande de roses", sans développement dramaturgique saillant ou alors seulement épisodique, passant d'un personnage à l'autre. Le film s'emploie davantage à montrer l'abandon de cette jeunesse gagnée par la culture de la violence (et fuit le spectaculaire obscène du deal ou des passages à l'acte), son nihilisme exalté non dépourvu pourtant d'un esprit solidaire (à l'égard de l'alcoolo du quartier), d'un certain romantisme contradictoire (Adolfo et sa petite amie). Seul Rodrigo tente de s'en démarquer et rêve d'apprendre la batterie pour rejoindre un groupe de punk. Mais là aussi la misère financière semble lui barrer la route, les musicos du coin ne lui facilitant pas la tache non plus. Un sens très net de la composition, à différentes échelles de plan, mettant parfaitement en scène l'urbanisme escarpé des faubourgs, précaires, parsemés de zones en friche ou d'édifices à l'abandon. Grande spontanéité des dialogues, fournis, s'exprimant avec spontanéité. Et un rythme énergique surtout très personnel.