Tronçon de Rogopag (pour Rosselini, Godard, Pasolini, Gregoretti), La Ricotta a valu a Pasolini une condamnation pour "outrage à la religion d'état" et au film d'être censuré. 40 ans plus tard, difficile d'y voir le blasphème.
Le film est composé de trois différents niveaux : d'abord s'opposent en noir et blanc, le tournage d'un film autour de la passion du Christ dans un terrain vague de banlieue, et en couleur le film tourné. Et dans la partie en noir et blanc, comme un sous-tiroir, l'histoire du figurant qui incarne le bon larron, crève-la-faim qui vole des paniers repas pour donner à sa famille. Orson Welles version bouffie joue le réalisateur.
Pasolini et moi, c'est pas ça. Je vois bien que c'est drôle de danser le twist en tenue d'apôtre ou de faire un striptease devant trois crucifiés. Je vois bien que le catholicisme de l'Italie des années 60 devait être irrespirable. Je vois qu'un tournage ressemble à un calvaire avec ses caprices de star, ses parasites, ses egos, sa lutte des classes. Mais je trouve ça lourd et démonstratif, les affamés qui se gavent à en mourir. Le noir et blanc est surexposé, pas beau, seuls les rares passages en couleur, reconstituant des tableaux de la Renaissance italienne dégagent quelque chose.
Un film brouillon, qui voudrait être léger et grave, mais à mon goût se tire dans le pied, à chasser sur trop de tableaux.