Projet de toutes les peurs et de tous les fantasmes, Rogue One nous arrive enfin. Dès l'annonce de la mise en chantier de ce "Preq-off", il y avait de quoi ce crisper. Un pitch alléchant, Les Douze Salopards au pays de Star Wars, mais avec Gareth Edwards à la barre... l'homme qui a commis le Godzilla 2014, tellement nul que celui de 1998 parait excellent !
Ensuite, une nouvelle insolite : Disney a fait retourner en urgence 40% du métrage par Tony Gilroy ( contre un gros chèque pour fermer sa gueule. ) Or Tony, sans déborder de talent, est autrement plus fiable. C'est la première fois de l'histoire récente du 7e Art que des reshoots de dernière minute sont accueillis avec des vivas !
Le résultat sera-t'il un foutoir dégueulasse ou un joyeux bordel ?
La réponse tombe : Rogue One est une série Z immonde, avec des acteurs totalement en dehors du coup ( Felicity Jones, Diego Luna, et en particulier Forrest Whitaker... ) qui campent des personnages creux, aux motivations fluctuantes, et récitent des répliques insipides sous l'œil attentif d'une caméra sans plus d'âme que celle d'un Hitman le Cobra.
Mais c'est aussi un film d'action généreux avec des personnages encore plus creux mais attachants ( Alan Tudyk refait un robot débonnaire, Riz Ahmed en pilote timbré, mais surtout Donnie Yen et Jiang Wen ! )
Je ne dirai pas que le ratio de ces deux facettes est pile de 60/40%, mais j'aimerais beaucoup le revoir avec des pastilles rouges et vertes en haut de l'écran pour savoir qui a tourné quoi... Le problème étant que les meilleurs moments du film reposent quand même sur des bases mal torchées et qui puent la merde.
Mais en définitive, Rogue One a pour principal défaut de ne se poser aucune question relative à la dramaturgie générale.
Par exemple, je trouve illogique qu'au début de l'Episode IV, Leia fait mine de pas comprendre Darth Vader et maintient sa version du vaisseau diplomatique alors que ça fait pas un pli, ils se sont extirpés à la dernière minute en volant les plans sous les yeux du Seigneur Sith... Ensuite elle semble de rien savoir du laser mortel de l'Etoile de la Mort quand Tarkin fait sa démo/menace, alors que, bordel à queue, elle était dans un vaisseau rebelle lors de la bataille de Scarif !
Déjà que l'Episode III collait pas des masses avec le IV, cet épisode satellite ne manquera pas de semer la confusion pour qui voudrait un jour tout regarder dans l'ordre...