Je n'étais absolument pas hypé par ce projet. Mais bon, comme c'est Star Wars, je me suis quand même déplacé pour aller voir le truc en espérant être moins déçu par l'épisode VII qui, s'il était remarquablement réalisé, m'avait quand même bien gonflé avec son foutage de gueule scénaristique (Cf: ma critique).
Y aura du spoil dans cette critique, je mettrai les petites bannières juste avant les passages sensibles.
Je vous fais juste le pitch: Juste avant l'épisode IV, la rébellion apprend que l'Empire créé une arme surpuissante (l'Etoile Noire) et la jeune Jyn Erso se retrouve mêlée à la lutte entre rebelles et impériaux, son père étant l'un des principaux architectes du sombre projet.
Le film commence et, premier constat, l'ouverture ne copie pas celle des "épisodes classiques" de la saga. Pas de texte déroulant donc, le film assume son statut de spin-off et l'idée est plutôt pas mal.
La première moitié du film m'a laissée sur ma faim. Pas mauvaise, pas non plus intéressante, elle se laisse regarder sans déplaisir mais manque cruellement de rythme et de saveur.
Je pense que les acteurs principaux ont été l'une des principales causes de ma réticence à embarquer dans cet univers. Felicity Jones (Jyn),et je sais que je ne vais pas me faire que des amis, joue maaaaal ! De même pour le "premier rôle" masculin tenu par Diego Luna. Monolithiques, peu impliqués, ce triste couple a bien besoin des seconds rôles pour briller un peu. Et là, on est gâtés, peut être un peu trop. Mais je reviendrai aux personnages plus tard.
Pour en revenir à des généralités sur la première partie, elle a le mérite de mettre en place de nouveaux environnements, même si assez mal introduits, et de nous plonger efficacement dans l'univers Star Wars. Parce que malgré les défauts évidents du film, il sent quand même bon le Star Wars, et n'a pas besoin pour ça de reprendre tous les éléments de scénario des précédents films (coucou JJ. Abrams) pour qu'on le comprenne. La faune extraterrestre, les environnements, les costumes...l'ambiance est là.
Par contre, désolé, c'est spoiler à partir de maintenant.
[SPOILER]
Entre deux transitions scénaristiques un peu chiantes, on a quand même de beaux moments de bravoure. Les fusillades de rue (dans une ville d'une planète dont j'ai oublié le nom) donnent une dimension nouvelle à la lutte contre l'empire. Les rebelles ne sont pas toujours des héros en uniforme oranges pilotant fièrement leurs X-Wings, ce sont aussi de simples résistants, flirtant avec la frontière du terrorisme.
J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié le manque de manichéisme du film. Les hauts-gradés rebelles qui peuvent se révéler aussi peu scrupuleux que leurs homologues impériaux lorsqu'il s'agit d'agir de manière pragmatique ajoutent une touche de réalisme bienvenue.
Et pour ce qui est des performances visuelles, la destruction de la ville et de ses alentours par l'Etoile Noire est assez impressionnante. C'est la première fois que l'on assiste à la mort brutale d'un peuple du point de vue du sol de la planète et non de l'espace.
Pour ce qui est des autres persos introduits dans cette première partie en dehors de la team principale, Forest Whitaker est pas mal en résistant extrémiste un peu taré, même si ce n'est jamais dans ce genre de production que les acteurs de sa trempe peuvent briller. Il en va de même pour Mads Mikkelsen, classe mais finalement assez peu exploité.
On arrive ensuite au "point malaise" du film, avec le retournement brutal de notre héroïne qui fait un speech absolument pas convaincant à nos amis rebelles pour les secouer et les encourager à se battre pour voler les plans de l'Etoile Noire dont son Papa lui a révélé l'explication par hologramme avant de mourir. Et on a le droit à la bonne scène cliché des quelques braves qui acceptent quand même de se joindre à l'opération en désobéissant aux ordres. Malaise, on vous dit.
Paradoxalement, cette "scène du malaise" précède toute la seconde partie du film, bien plus convaincante.
La grande bataille finale est juste dantesque. Les affrontement au sol sont réalistes, intenses, bien filmés. Ils m'ont rappelé mes meilleures parties de "Battlefront". Plus sérieusement, ça fait plaisir de voir des gunfights entre rebelles et impériaux qui ont vraiment de la gueule (les stormtroopers sachant maintenant à peu près viser).
Malgré les longueurs évidentes de la bataille (le pilote qui galère à envoyer le message, les héros qui galèrent à récupérer les plans, le méchant increvable...), j'ai ressenti une vague de plaisir régressif lorsque les TB-TT sont entrés en scène et que les vaisseaux rebelles et Star Destroyers impériaux ont commencé à se canarder. Vraiment, la bataille est épique.
Et les seconds rôles dans tout ça ? J'attendais d'aborder cette partie du film pour en parler.
Introduits pour la plupart dans la première demi-heure du film, ils sont de vrais caricatures lors de leur présentation: le pilote un peu lâche, l'illuminé aveugle hyper bon au combat, son acolyte pince sans rire, le droïde cynique qui sert de comic-relief... Mais leurs personnalités s'étoffent bien durant le film, ce qui fait que leur implication dans la bataille et les conséquences de celle-ci ont un réel impact sur le spectateur.
Les dernières scènes arrivent même à nous faire nous attacher au duo principal têtes à claques, c'est dire.
Bref, la fin a l'effet escompté, et se révèle particulièrement sombre pour du Star Wars se rapprochant de la trilogie originale, ce qui n'est pas pour me déplaire.
[FIN DE SPOIL]
Maintenant, je vais traiter en vrac de tout le reste (musique, fan service, références...).
Pour commencer avec la musique, j'ai été très agréablement surpris. Là où "Le réveil de la force" se contentait de reprendre les thèmes marquants de la saga avec un manque de nuance désarmant, "Rogue One" fait le pari de revisiter ces mêmes thèmes avec une pudeur bienvenue. On a également droit à de nouveaux thèmes très réussis (durant la bataille spatiale finale, notamment).
Le fan service est trèèèèès présent mais il convient d'en distinguer deux aspects. Le film reprend des gags discrets et des personnages méconnus qui donnent un léger sourire aux puristes, y a pas de mal à ça. Par contre, quand on nous sert des caméos de deux secondes de personnages emblématiques juste pour nous dire "eh regarde ! c'est Star Wars !), NON !!! (les dernières secondes du film vont vous faire bondir sur votre siège, sérieusement). Rhaaa, ça m'a énervé.
Bon, y a en effet Darth Vader (c'est pas du spoil, c'est dans la BA) et...il y a un problème. Le costume fait fake, je sais pas. Alors il a une scène badass à la fin, et il est utilisé avec parcimonie, mais il m'a pas bien convaincu.
Bref, "Rogue One" est plutôt sympa et surtout très honnête dans sa démarche qui ne déborde pas le cahier des charges "montrer comment les plans de l'Etoile Noire ont été volés par les rebelles". Entre reconstitution d'une atmosphère connue et renouvellement des manières de traiter les thématiques de la guerre, de la dictature, de la violence en générale, cet épisode ne fait absolument pas tâche au milieu des autres.
Mais de trop nombreuses lourdeurs subsistent, que ce soit dans le rythme, la manière d'introduire les personnages, le fan-service parfois déplacé, et surtout la nullité des deux acteurs principaux.
Bancal mais sincère.