Exercice de coloriage/20

De base, j'aime pas trop cette idée de faire des blockbusters super chers sur des licences hyper lucratives, car le problème se pose souvent qu'on a plus l'impression de voir un produit assez lisse, sans véritable création d'auteur, qu'un bon vieux blockbuster d'antan, ce que j'ai beaucoup ressenti devant ce "Rogue Ouane".

Déjà, la première partie est incroyablement pénible (et semble avoir été victime de tous ces fameux reshoots qui auront fait rager tout pleins de gens) et ce, malgré la légère patte de Gareth Edwards quand il s'agit de jouer sur les échelles de dimension (et c'est bien malheureusement la seule chose que l'on retiendra de son travail sur ce film), entre des personnages qui ne font que blablater pour exposer l'intrigue de manière particulièrement risible sachant en plus que les dialogues sont d'une horreur assez hallucinante ! Dialogues filmés avec une mollesse assommante également qui, couplée avec une intrigue inutilement compliquée, file un sacré mal de tête !

Ainsi, les personnages n'existent jamais réellement tellement l'intrigue est forcée ! L'héroïne, en plus d'être complètement inutile passe 90% de son temps à regarder autour d'elle avec ses yeux ronds et son air (un peu) grave. Mais le plus triste pour moi reste le personnage joué par Donnie Yen, énième victime des stéréotypes made by Holllywood campant un ersatz de Zatoichi qui n'arrête pas de souler tout le monde avec sa "Force" (le pay-off de cet arc est d'ailleurs particulièrement lamentable), en plus d'être une formidable caricature... d'une caricature d'asiatique par Michel Leeb (ou Eric Judor, comme vous voulez)

C'est particulièrement frustrant quand on voit que le casting est franchement bandant et que les personnages joués ne sont que purement fonctionnels, voir complètement dispensables (le rôle de Mikkelsen aurait pu être littéralement coupé au montage).

Bon, il y a bien entendu des qualités dans ce film, et particulièrement une qui n'a pas beaucoup été évoquée je trouve : Le bestiaire est effectivement particulièrement développé et montre une certaine créativité dans la conception de certains monstres (notamment l'homme de main du personnage de Whitaker avec sa gueule de steampunk-à-chien), ça fait plaisir de voir que les prothèses sont toujours à l'honneur dans ces gigantesques blockbusters ! L'univers est également plus cohérent que dans le VII (on a un peu moins l'impression que la galaxie ne se compose que de trois planètes). On a également un très beau travail de reconstitution d'un vieux "Star Wars" des 70's, avec ces vaisseaux tous dégueux et avec des gros boutons ! Mais malheureusement, ça ne fera que renforcer l'impression que ce film est complètement anachronique, à trop vouloir retrouver les sensations des Star Wars passés au lieu de proposer des choses plus inédites...

Pour conclure, je trouve que l'immense faiblesse du film reste son script inutilement alambiqué et ses personnages complètement transparents, malgré une très bonne tenue au niveau de l'image et une bataille de fin assez divertissante, bien que les mécanismes de narration restent toujours bien trop forcés et du coup, toujours trop voyants (les plans de l'Etoile Noire font office de vulgaire McGuffin dans la dernière partie du film)

"Rogue One", c'est un peu un exercice de coloriage où il ne faut pas trop déborder sur les lignes. Un travail appliqué mais, malheureusement, c'est pas avec ça qu'on fera des expositions dans les galeries les plus huppées de Paris !