Je ne suis pas rigoureusement opposé au fan-service. Il est possible d'ajouter des éléments ou des personnages cultes pour les fans qui seront heureux de les revoir au moment où ils s'y attendent le moins. Mais il faut toutefois que la présence de ces éléments soit cohérente vis à vis de l’œuvre en elle même, qu'elle apporte chose de pertinent autre que le pouvoir de faire plaisir aux spectateurs ou qu'elle soit si discrète qu'elle relève plus du clin d’œil marrant à remarquer, tout en restant dispensable à l'intrigue du long-métrage.
Ainsi, la présence de Yoda dans la prélogie est cohérente. Il est dit dans la trilogie d'origine qu'il était là lors de l'avènement de L'Empire, qu'il a connu Anakin avant qu'il ne devienne Vador et qu'il a donc au vu de son vieil âge, été le témoins de tous les évènements qui ont conduit à la chute de la démocratie. De plus, son personnage est très bien construit et s'avère avoir un rôle important durant cette seconde trilogie. De même si vous avez été attentifs à chaque plan de la prélogie, vous avez sûrement remarqué la présence de races ou de personnages déjà croisés par le passé que l'on retrouve ici au troisième plan de certains décors. Ces petits détails sont du même acabit que ceux du studio Pixar dont les animateurs aiment à disséminés une multitudes de clins d’œil et de références discrètes à leurs productions passées. Tout ceci, en plus de féliciter le fan attentif, participe à la cohérence de l'univers sans que cela ne soit trop appuyé.
En revanche, foutre C3PO et R2D2 dans cette prélogie c'est du pur fan-service gratuit et contreproductif. Non content de prendre de la place, les droïdes sont complètement inutiles durant les trois films et leur simple présence créer diverses incohérences facilement évitables.
Dès lors, quand un élément dont la présence ne se justifie pas vis à vis du film en lui-même, qu'il est facteur de problèmes et qu'il n'est placé là que dans l'optique de faire plaisir aux fans, on peut donc parler sans retenu de fan-service putassier.
Et si vous trouviez mon intro hors sujet, je vous rassure tout de suite enfin, façon de parler, Rogue One pue le fan-service putassier à des kilomètres.
Évidemment, quand ton film se place entre les épisodes III et IV des deux deux trilogies Star Wars, ça paraît tout à fait concevable de reprendre des personnages importants du quatrième volet. Mais rétrospectivement :
-Est-ce que ça valait le coup d'intégrer Tarkin à l'histoire si c'est juste pour le voir se réapproprier la conception de L’Étoile Noire sans qu'il n'est aucune incidence sur le récit ? Parce que l'acteur qui l'incarnait est mort et que pour le ressusciter, l'équipe technique n'a rien trouvé de mieux que de coller son visage numériquement sur la tronche d'un autre acteur et le résultat est dégelasse. C'est à peine plus réussit que ça http://www.dailymotion.com/video/x4h81y0 sans déconner. Quitte à l'inclure dans le film, autant embaucher quelqu'un qui lui ressemble, j'ai d'ailleurs une idée de casting. LUI oui vous savez, le mec que Lucas avait embauché pour jouer le rôle dans La Revanche des SIths et qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau sans une once de retouches numériques.
-Ensuite, est-ce que ça valait le coup d'envoyer Leia chercher Obi sur Tatooine tout ça pour qu'on fasse référence à notre Jedi préféré dans l'histoire et que cela nous permette de mettre notre Princesse favorite dans l'espace afin de la voir apparaître dans le film ? Parce que ce choix uniquement motivé par le fan-service pose là aussi problème dans la mesure où il rentre en contradiction avec l'épisode IV, dans lequel on nous dit bien que la flotte rebelle était en route vers la planète de de Leia afin que cette dernière remette les plans de L’Étoile à ses coéquipiers. C'est parce que son vaisseau fut assiégé par Vador et qu'ils se trouvaient non loin de Tatooine, que Leia eu l'idée d'envoyer son droïde R2 là-bas afin de réquisitionner Ben pour qu'il emmène les plans aux rebelles. Leia n'aurait pas dû se trouver déjà en route à ce moment là.
-Et enfin, je vous pose la question, est ce que c'était utile d'intégrer Dark Vador à l'histoire alors qu'il n'a aucune incidence sur le récit et qu'il fait juste acte de présence durant deux scènes où il se contente de faire ce que l'on attend tous de lui ?
Ces choix là n'ont aucun intérêt scénaristiques, on pourrait les retirer du script ça ne changerait strictement rien à l'histoire, ils ne sont là qu'à des fins de fan-service envers une communauté qu'il faut absolument brosser dans le sens du lard, car c'est sur elle que repose le succès financier de la franchise. Pourtant j'en attendais plus au vu des retours positifs. Je pensais que ce film allait enfin voler de ses propres ailes et profiter des possibilités infinies de son univers pour l'enrichir à sa manière et apporter ainsi sa propre pierre à l'édifice. Mais non, Rogue One est dans la même veine que Le Réveil de la force. Incapable de se suffire à lui-même, toujours dans l'ombre de ses ainés et ne vivant que par leur héritage sans tenter d'apporter quelque chose de neuf ou de personnel.
Edwards a reprit ces figures emblématiques parce qu'il devait les reprendre, il ne les traite donc pas comme des personnages à part entière mais comme les pièces de collection qu'ils sont. Chacune bien rangée à sa place, faisant précisément le numéro qu'on attend de lui, n'existant qu'en tant que jouet et pas en tant qu'être humain ayant un rôle à jouer dans cette aventure.
Un fan-service omniprésent que Edwards appuie comme un bourrin tout au long du film. Oubliez tout espoir de clin d’œil discret à la Pixar, chaque élément référencé sera marqué au fer rouge histoire que le fan n'en loupe pas une et puisse se dire à la fin de la séance qu'il ait vu un bon film. Des persos emblématiques dont l'apparition est toujours grossièrement iconisée (sans doute pour que mamie qui n'a jamais vu un seul film comprenne que ce perso là c'est pas n'importe qui), aux références les plus "subtiles" comme lorsque le mec relou de la cantina à qui Obi coupera le bras dans L’Épisode IV percute nos héros à pied. Si Edwards n'avait fait que montrer brièvement la silhouette de ce mec, qu'il l'avait mise au second plan ou qu'il l'avait fait passer en coup de vent, sans que le perso ne se retourne, là ça aurait été un clin d’œil sympa. Mais non, il faut qu'on le voit une première fois percuter nos héros, qu'il s'arrête pour demander des excuses, que les deux zigotos se retournent vers lui pour lui demander pardon et qu'on puisse terminer en le voyant bien en plan rapproché, au cas où les idiots du dernier rang ne l'aurait toujours pas reconnu. Ce court extrait est symptomatique de ce qui m'horrifie le plus dans ce film. Ça occupe inutilement le premier plan d'une scène qui n'a d'intérêt que pour les fans de la saga et encore, l'intérêt reste limité vu le caractère anecdotique de l'extrait. C'est la différence entre insérer un clin d’œil marrant et foutre à tout prix un perso connu en insistant bien déçu. Même chose pour le petit caméo de nos deux droïdes favoris.
Rogue One n'est pas une œuvre, c'est un bidon de lessive propre à fournir du Star Wars à ceux qui en réclament. Certes, il ne reprend pas le scénario de l'épisode IV péripétie par péripétie, mais ce qu'il propose à la place n'est guère plus inventif.
Garret Edwards nous conte un simple récit de guerre mettant en scène une bande de persos tous plus osefables, les uns que les autres et emballé dans une réalisation de blockbuster quelconque, avec des scènes d'action sans ampleur, multipliant les gros plans pas toujours bien cadrés, filmé à grand renfort de caméra épaule et monté à la truelle pour un résultat jamais transcendant et souvent illisible. Quand j'entends des gens vanter le "talent" d'Ewards pour la mise en scène, ça me fait vraiment flippé parce que j'ai l'impression que ça y est, les gens se sont habitués à des scènes d'action de merde, mal filmées et sans saveur. Le talent de mecs comme Vaughn, Miller, Spielberg ou Derrickson n'y auront rien changé.
Reconnaissons toutefois au film son envie de vouloir flirter avec le pegi 13. Proposant plus de violence moins aseptisée que dans Le Réveil de la Force. Moins aseptisée certes, mais toujours sans ampleur. C'est bien joli de vouloir tuer tout le casting principal, mais si on a aucun attachement émotionnel pour ces protagonistes ou pour l'importance de leur mission, ça ne sert à rien.
Sans déconner, quand Suicide Squad est sorti, tout le monde pestait, à juste titre contre le manque de consistance des personnages principaux et de l'équipe qu'ils étaient censés constituer. Mais au moins, les protagonistes avaient chacun des caractéristiques fortes, au moins on mettait l'accent sur des membres de cette team mieux développés. Dans le cas de Rogue One, seriez vous seulement capables de me redire les noms des personnes composants l'équipe de rebelles ? Chacun est caractérisé très sommairement, juste le minimum syndical et ensuite on est censé les suivre dans leurs aventures et avoir suffisamment d'attachement à leur égard pour être triste de leur funeste destin. Non, ça ne fonctionne pas. Aucun des personnages n'est développé, ils ne vivent rien ensemble, aucune cohésion de groupe, aucune relation ne prend corps entre les protagonistes. Le seul à être bien caractérisé c'est le robot, un comble merde ! Pourquoi aurais je envie de suivre ces gens ? Sans le contexte dans lequel ils s'inscrivent, on en aurait rien à foutre. Et sans les autres films qui gravitent autour de celui-ci, on en aurait également rien à foutre du contexte. C'est parce qu'on a vu les films précédents qu'on accorde de l'importance aux actions de cette team, mais indépendamment de ça, le film ne va jamais nous faire ressentir que cette mission est importante. Est ce que l'on ressent la dangerosité de L'Empire ? L'univers chaotique que celui-ci provoque sur la Galaxie ? L'espoir infini qu'une brèche dans sa machine parfaitement huilée pourrait sauver le monde ? ON NE RESSENT STRICTEMENT RIEN ! VOUS RESSENTEZ QUELQUE CHOSE VOUS ? MOI NOOOOOOOOOOON !!!!
Et c'est quand même un comble quand le film passe la moitié de son temps à faire de l'exposition. Mais bon, comment veut tu faire ressentir des émotions au spectateur et l'impliquer dans ton histoire avec une exposition aussi confuse et bordélique pour rien ?
Dire que certains osent mettre cette purge au panthéon des grands films de guerre, alors qu'elle en est loin. Prenez ne serait ce qu'Indigènes. Ce film au combien différent de Rogue One possède néanmoins un dernier acte similaire, au cours du quel nos héros s'engouffrent dans une mission suicide dont on sait à l'avance qu'ils y laisseront leur vie mais qu'ils doivent effectuer car les enjeux en sont bien trop importants. Et bien que son climix soit moins spectaculaire que celui de son homologue américain, il en est cependant beaucoup plus intense. Déjà, parce que le montage est de meilleur qualité, mais surtout, parce qu'on est plus attaché aux personnages. On les a vu affronter des épreuves au cours du long-métrage, on les a vu tisser des relations fortes entre eux et chaque fois que l'un meurt, on comprend leur souffrance et on est dévasté.
Cela dote ce moment d'une grande intensité et c'est une chose que Edwards ne parviendra jamais à retrouver car il a foiré l'élément central de son long-métrage, ses personnages.
Même au niveau musical le résultat est très fade. Pourtant Giacchino était aux commandes et dieu sait que ce mec en plus d'être sacrément doué et aussi un grand fan de John Williams. Ici, c'est comme si il avait eu accès à toute l'orchestration du maître et qu'il avait été trop ému pour pouvoir se l'approprier. Ses compositions sont tonitruantes et essayent tant bien que mal d'accompagner l'action, mais la magie ne prend pas, la musique est brouillonne, pas assez mélodieuse et les thèmes réutilisaient semblent ponctuer la BO plutôt que de se fondre en elle comme St Willams y parvenait si bien. Mais j'attends que SillaBO vienne me contredire.
Il en résulte un blockbuster sans âme qui, si il n'était pas recouvert par le fantôme de Star Wars, apparaitrait complètement chiant et oubliable pour tout le monde. Heureusement, Edwards a parfaitement su respecter l'essence même de cette nouvelle saga. Faisant de Rogue One un pure produit commercial et marketing calibré pour avoir un large succès critique et public, suivant ainsi le chemin facile du côté obscur initié par JJ Abrams en 2015.
Ce qui me rassure, c'est que les fans de Star Wars ne sont pas cons, juste un peu lent à la détente. Dans un an, lorsqu'ils essaieront de se souvenir de Rogue One, il n'en restera rien dans leurs esprits. Aucune scène marquante, aucun moment émouvant propre au film en lui-même. Ils ne se souviendront que de ce qui lui confère un semblant d'âme, sa filiation, son ancrage et des références à la mythologie Star Wars.
En ce qui me concerne, ce n'est pas suffisant. Je suis allé 55 fois au cinéma en 2016 et je ne me suis jamais autant emmerdé que devant ce putain de film. J'en arrivait même à textoter pendant le "climix" c'est vous dire à quel point j'en avais plus rien à foutre et que j'avais hâte de quitter la salle. Plus jamais je ne me laisserais tenter par le côté obscur de Disney. Mon divorce avec la saga est officiellement prononcé.