STAR WARS est un conte de fées. La magie, le rêve, et les mythes en sont les principaux ingrédients. Ces éléments sont complètement absents dans ROGUE ONE et ce n'est pas un problème. Car ROGUE ONE n'est pas un STAR WARS, ce qui est bienvenu dans le cadre de ce projet.


Et c'est un détail assez important à avoir à l'esprit, sinon vous courez le risque être très déçus à l'issue d’une séance où vous aurez passé votre temps à chercher l’esprit STAR WARS en vain.
ROGUE ONE est un film sinistre, ancré dans un hyper-réalisme inédit dans la saga, et surtout, un film tragique. On peut ne pas aimer le délire, mais reprocher au film de ne pas être assez STAR WARS c'est passer à côté de l'objectif du film. Le générique est absent, les transitions en volet remplacées par des simples cuts, la caméra-épaule devient omni-présente, et même la réplique « I’ve got a bad feeling about this » est avortée, c’est dire. Oh et les mots « Star Wars » n’apparaissent jamais dans le film…


Bienvenue dans un film de guerre dont le seul point commun avec le reste de la saga est l’univers dans lequel il se déroule.


Univers dans lequel il s’inscrit avec brio : l’esthétique de la trilogie originale est évidemment là, mais des références à la prélogie se glissent aussi dans le film (2 planètes, 1 personnage et 1 véhicule), ce qui est une bonne surprise. Cet univers retrouve sa dimension grandiose grâce à la caméra de Gareth Edwards qui prouve une fois de plus qu’il sait filmer le gigantisme : l’Etoile de la Mort n’a jamais été aussi effrayante. On ne pouvait qu’attendre le retour de ce genre de plans après un REVEIL DE LA FORCE timide à l’heure d’élargir le cadre… La destruction est également au premier plan, mais grâce à des images soignées, on est bien au-dessus des bouillies filmées en shaky-cam concluant 90% des blockbusters ces derniers temps. On regrettera cependant que le montage coupant les plans trop tôt ne nous permette pas de profiter pleinement de ces plans.


Au-delà de l’esthétique et du côté grandiose, on retrouve aussi un univers logique et crédible sur l’aspect politique et religieux, ce qui manquait cruellement au REVEIL DE LA FORCE (où la cohabitation douteuse entre République, Premier Ordre et Résistance n’est pas expliquée, où les Jedi sont tombés dans l’oubli à peine 50 ans après leur disparition…). Dans ROGUE ONE, nous découvrons un Empire qui doit gouverner avec un Sénat qui le gêne, des rebelles extrémistes dont le leader évoque Dark Vador, et pour le côté référence historique/actu une ville sainte exploitée pour ses ressources naturelles… Pas étonnant que Lucas ait aimé le film.


Malheureusement, à quoi bon s’attarder à dépeindre un univers si travaillé pour ensuite nous faire suivre des personnages si peu développés ? C’est le défaut majeur du film. On ne s’attache pas aux héros, et on comprend vite que l’héroïne est un peu vide et ne se définit que par les hommes autour d’elle (son papa surtout). Sur ce plan-là, on est loin des personnages charismatiques et attachants de JJ Abrams. On ne retiendra que le droïde rigolo, le samouraï zen de Donnie Yen (oui son personnage est un cliché mais assez touchant) et le méchant joué par Ben Mendelsohn (surtout sa fin ironique).


Le rythme du film est aussi critiquable. Le début est trop dense, et le film s’étouffe dans ses dialogues explicatifs, même lors du 3ème acte (qui reste tout-à-fait spectaculaire et prenant cependant). A un moment j’ai cru que la réplique d’un personnage qui commence à expliquer des trucs par rapport à un câble à brancher était un élément de comédie tellement c’était long et incompréhensible mais en fait non.


Puis en vrac : la musique est très bien d’autant plus que Michael Giacchino n’a eu que 4 semaines pour la composer, les effets visuels sont bons (à ce niveau de budget c’est le minimum) mais il y a une technique utilisée pour 2 personnages qui est scandaleuse de mauvais goût, Dark Vador est cool une fois qu’on s’est habitué au fait que la voix de James Earl Jones a maintenant 85 ans, il y a une trouvaille scénaristique audacieuse qui permet de justifier un élément d’UN NOUVEL ESPOIR, le fan-service est maîtrisé et offre même des clins d’oeils recherchés (cf le décor de la 1ère scène de Vador qui correspond aux tous premiers dessins de Ralph McQuarrie, ou encore les plans de pilotes rebelles d'UN NOUVEL ESPOIR ré-utilisés pour la bataille finale).


En bref, si LE REVEIL DE LA FORCE était un bon film dans son exécution mais hypocrite dans son fond (personnellement lorsque je vois « Episode 7 » au générique je ne veux pas revoir l’Episode 4), ROGUE ONE est un film honnête qui tient ses promesses (un film de guerre dans les coulisses de la Rébellions dans des temps d’occupation) mais qui est limité par son exécution, surtout au niveau des personnages.

Jeanbayljean
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le 17 déc. 2016

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Jean Bayljean

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