Tourné tout en noir et blanc, quasiment tout en plans fixes, je redécouvre ici l'œuvre unique de Rossellini. Je n'avais plus vu un film créé avec une insistance sur les dialogues depuis bien longtemps. Les personnages sont filmés dans un décor au cœur de l'oppression et de la guerre dans l'Italie de 1944, le film étant tourné en 1945, Rossellini réalise presque un documentaire. Ce qu'il filme est extrêmement proche de la réalité. Sans faire dans le sensationnel, la dureté de cette époque est exprimée par les sons: les bruits des bombes, les condamnés fusillés, les cris de douleur de la torture, les femmes et enfants sortis de leurs habitations par les SS pour fouiller les immeubles, les appartements retournés. Tout le film est très calme, il n'y a aucun suspens, aucun effet de surprise. Les protagonistes se font piégés, trahis par la délation et la cupidité des autres. Sans aucun effet spécial ou effet de caméra abracadabrantesque, Rossellini nous montre le règne de la souffrance et de la peur, à toujours devoir vivre dans le secret pour ceux qui voulaient se libérer de l'emprise du gouvernement autoritaire. Les acteurs vivent vraiment leurs rôles, sans aucun surjeu, et Marcello Pagliero a de vrais airs de Jean Marais par ces expressions du visage graves et au regard profond.