Chaque dimanche, le juge Mladen, célibataire, se rend au domicile de son ami, Fedji, sculpteur, et de sa femme, pour jouer aux échecs. Classique du cinéma croate, le premier film de Zvonimir Berkovic (qui n'en tournera que 4) s'inscrit dans une période faste du cinéma yougoslave avec notamment Petrovic et Makavejev. Fondé sur la répétition des scènes, avec les parties d'échecs et la musique de Mozart (Rondo KV 511), le film ne s'aventure que rarement hors de l'appartement du couple, hormis pour montrer le juge, solitaire, au café, dans des scènes muettes. Toute la subtilité de Rondo tient dans ses silences et ses regards, dans ce qui devient peu à peu un triangle amoureux. De nombreuses ellipses dans ce film psychologique où tout est feutré alors que les sentiments bouillonnent chez chacun des trois personnages. Les acteurs sont parmi les meilleurs dans la Yougoslavie de l'époque, en particulier Milena Dravic, vu auparavant dans L'homme n'est pas un oiseau de Dusan Makevejev. Par certains côtés, Rondo évoque les grandes réussites du Free Cinema britannique de la même période.