Il s’agit de la biographie de Rosa Luxemburg (Barbara SUKOWA, 26 ans et qui a reçu le prix d’interprétation féminine à Cannes pour ce rôle), née en 1871 en Pologne, sous l’Empire russe, et qui débute comme militante au Parti Social-Démocrate. Comme souvent dans les biographies, la réalisatrice commence par la fin (ou presque, puisque Rosa Luxemburg meurt en janvier 1919), le 7 décembre 1916, alors que Rosa Luxemburg est en prison. C’est quasiment la seule indication chronologique (avec le réveillon chic et dansant du 31 décembre 1899) qui est mentionnée, hormis le début et la fin de la 1ère guerre mondiale, rendant confus le film qui multiplie les flash-backs ; d’autant que les personnages qu’elle côtoie, à part son 1er amant, Leo Jogiches (Daniel OLBRYCHSKI) avec qui elle fonde, à 22 ans, le Parti Social-Démocrate de Pologne et Karl Liebknecht (Otto SANDER), cofondateur avec elle, de la ligue Spartakiste puis du Parti Communiste Allemand, sont mal identifiés dans le film : August Bebel (fondateur du Parti Social-Démocrate allemand), Clara Zetkin (féministe communiste), Paul Levi (son avocat et amant), Sonia, à qui elle écrit depuis sa prison, Luise Kautsky (sociale-démocrate et épouse du marxiste Karl Kautsky). On s’y perd également dans ses nombreux séjours en prison (sauf celui juste avant le début du 1er conflit mondial, alors qu’elle est contre la guerre). Les discours de Rosa Luxemburg sont assez généraux et son aspect révolutionnaire, n’apparait pas vraiment. D’autant qu’elle ne côtoie que des bourgeois comme elles, vivant confortablement avec une servante dans un appartement cossu et fréquentant peu le monde ouvrier. Sa vie privée est développée (querelle avec Leo qui l’a trompée et dont elle se sépare, amour éphémère avec Kostja Zetkin, fils de son amie), évoquant plus le théâtre de boulevard et n’approfondissant pas vraiment sa psychologie (pourquoi son engagement politique ? origine de sa boiterie ? etc.). Le film manque totalement de pédagogie, d’autant que les spectateurs, même Allemands, ne connaissent pas forcément sur le bout du doigt le règne de l’Empereur Guillaume II (1888-1918) et la république de Weimar (1919-1933) et qui prépare, malheureusement, l’arrivée d’Adolf Hitler comme chancelier. D’où l’ennui qui s’en dégage, faute de rentrer dans l’histoire, pourtant tragique.