Marine à 21ans lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d’une sclérose en plaques (une maladie auto-immune incurable avec laquelle elle sait qu’elle risque de finir en fauteuil roulant et de perdre la vue). Le choc de l’annonce et la sidération imposent à Marine de prendre une solution radicale avant même de débuter un quelconque traitement. Elle décide de faire un voyage initiatique pour se reconnecter à son moi-intérieur, avant même que la maladie ne le lui empêche. Pour cela, elle décide de faire un road-trip qui va l’entraîner en Nouvelle-Zélande (pour redécouvrir son corps), en Birmanie (pour apaiser son esprit) jusqu’en Mongolie (pour renouer avec son âme).
Il en résulte un beau voyage, 9 mois de vadrouille qui donneront lieu à un livre "Seper Hero" (édité en 2017) et ce film, condensé en 85min à travers lesquelles elle revient sur la découverte de sa maladie (par un médecin dénué d’empathie) jusqu’au moment de doute, de peur et de remise en question.
Rosy (2022) est un beau film, il n’y a pas de doute là-dessus, cependant, il nous faut un certain temps d’adaptation pour pleinement y adhérer car s’il est un vibrant message d’espoir pour de nombreuses personnes elles-aussi atteintes de maladies lourdes, le film n’en reste pas moins aussi (et surtout) un trip égocentrique où l’héroïne est de tous les plans (d’ailleurs, au détour d’une séquence, elle admet volontiers avoir découvert grâce à ce voyage, son niveau d’égocentrisme). Marine est une pile électrique, on se retrouve face à un débit de parole sans discontinue, une jeune femme qui peine à se canaliser, entre rage, tristesse et joie. Certes, le film délivre un beau message, celui d’une battante et d’une résilience face à la maladie, mais à bien y regarder de plus près, le film ne délivre pas d’autre chose qu’un journal de bord de 9 mois de vacances aux quatre coins du globe.
Qu’apprend-on finalement de ce film, si ce n’est que cette jeune femme est parvenue à vaincre sa peur et à accepter sa maladie, celle qu’elle surnomme affectueusement "Rosy" (de sclérose en plaques, elle a retenue "Rose"). Ce carnet de bord sous la forme d’un journal intime face caméra devient par moment harassant (Marine est une boule d’énergie difficile à canaliser) devant tant d’autosatisfaction. Le film est au final bien trop centré sur la jeune femme au détriment de la maladie dont il aurait pu être judicieux d’avoir des contrepoints avec des médecins, des spécialistes, des neurologues, mais hélas, il n’en sera rien. Pourquoi avoir autant méprisé le corps médical ? Quand on sait que le père de Marine n’est autre que Pierre Barnérias, le réalisateur du (très) controversé Hold-Up (2020), on regarde ce film d’un autre œil et avec suffisamment de recule…
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