Le réalisateur chilien Sebastián Silva a eu quelques succès, au moins d'estime, avec ses premiers long-métrages (La Bonne, Les vieux chats, Magic Magic) mais il ne faisait plus guère parler de lui depuis une bonne décennie. La surprise est d'autant plus grande de le voir réapparaître que son film, Rotting in the Sun, amène comme un vent de fraîcheur au sein d'un cinéma farouchement indépendant, qui en avait bien besoin. Le film commence comme une sorte d'autofiction, dépressive et furieusement gay, Sebastián Silva joue son propre rôle, Jordan Firstman celui d'un influenceur qu'il est dans la vie et même le chien du réalisateur est présent. Seule actrice patentée : la fabuleuse Catalina Saavedra, dans un rôle de femme de ménage. Et soudain, tout bascule (au propre comme au figuré), le film devenant totalement imprévisible, dans une veine tragi-comique assez irrésistible. Le cinéaste dit avoir voulu tourner un film misanthrope et il a pleinement réussi son coup, même si le fait de voir tous les personnages dépassés par les événements, faute de les comprendre pour la majorité d'entre eux, a presque quelque chose de jubilatoire. Nul doute que Silva a mis beaucoup de lui et de son environnement dans le film, mais il a le bon goût de se moquer de son mode de vie et a surtout eu la bonne idée d'y inclure un élément de fiction inattendu qui fait toute la différence.