Le dixième long-métrage de fiction d'Arnaud Desplechin ressemble assez peu à ses films précédents et c'est en grande partie pour le meilleur. L'évocation du quotidien d'un commissariat de police de sa ville natale est pour lui l'occasion de livrer une peinture sociale des plus sincères, sans pour autant céder au misérabilisme et sans renoncer à son goût du romanesque. Roschdy Zem, d'une douceur presque angélique et d'une humanité désarmante, incarne un policier à l'écoute, aussi solitaire que doué d'empathie et de discernement face aux personnages cabossés qu'il rencontre. Pendant une heure, Roubaix, une lumière, est captivant, nous montrant un Desplechin généreux et débarrassé de quelques-uns de ses tics de cinéaste intellectuel. Malheureusement, sans doute soucieux de recentrer son film sur une enquête unique, la deuxième partie du film se focalise sur un cas spécifique, la résolution assez laborieuse de l'assassinat d'une vieille dame. Il y a des longueurs alors dans ce qui rappelle des huis-clos comme Garde à vue malgré l'intérêt de montrer comment des policiers s'y prennent pour parvenir à arracher des aveux. Léa Seydoux et Sara Forestier partagent alors les scènes avec Roshdy Zem et le film y perd de sa fluidité initiale pour se contraindre à un classicisme psychologique un peu usé. C'est sans doute l'occasion pour Desplechin de se colleter à un genre codifié, en essayant d'y apporter sa propre sensibilité, mais le propos se restreint alors et l'intérêt du spectateur ne peut que se diluer.