Le dixième long-métrage de fiction d'Arnaud Desplechin ressemble assez peu à ses films précédents et c'est en grande partie pour le meilleur. L'évocation du quotidien d'un commissariat de police de sa ville natale est pour lui l'occasion de livrer une peinture sociale des plus sincères, sans pour autant céder au misérabilisme et sans renoncer à son goût du romanesque. Roschdy Zem, d'une douceur presque angélique et d'une humanité désarmante, incarne un policier à l'écoute, aussi solitaire que doué d'empathie et de discernement face aux personnages cabossés qu'il rencontre. Pendant une heure, Roubaix, une lumière, est captivant, nous montrant un Desplechin généreux et débarrassé de quelques-uns de ses tics de cinéaste intellectuel. Malheureusement, sans doute soucieux de recentrer son film sur une enquête unique, la deuxième partie du film se focalise sur un cas spécifique, la résolution assez laborieuse de l'assassinat d'une vieille dame. Il y a des longueurs alors dans ce qui rappelle des huis-clos comme Garde à vue malgré l'intérêt de montrer comment des policiers s'y prennent pour parvenir à arracher des aveux. Léa Seydoux et Sara Forestier partagent alors les scènes avec Roshdy Zem et le film y perd de sa fluidité initiale pour se contraindre à un classicisme psychologique un peu usé. C'est sans doute l'occasion pour Desplechin de se colleter à un genre codifié, en essayant d'y apporter sa propre sensibilité, mais le propos se restreint alors et l'intérêt du spectateur ne peut que se diluer.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Au fil(m) de 2019 et Mon Festival de La Rochelle 2019

Créée

le 7 juil. 2019

Critique lue 908 fois

7 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 908 fois

7

D'autres avis sur Roubaix, une lumière

Roubaix, une lumière
PjeraZana
5

Malaise et leçons du Commissaire Desplechin

Contrairement aux idées reçues, Arnaud Desplechin, le pape contemporain des auteurs français, a toujours été attiré par le cinéma de genre(s) dans des formes plus ou moins contournées voire...

le 18 août 2019

42 j'aime

1

Roubaix, une lumière
Seemleo
7

La mère Noël est une ordure

Pour une fois l'allumé Desplechin nous pond une oeuvre relativement classique dans sa trame et parfaitement compréhensible intriguement parlant. L'atmosphère de cette ville du nord que l'on présente...

le 26 août 2019

30 j'aime

7

Roubaix, une lumière
EricDebarnot
7

Ma ville, ma lumière...

Je crois qu'on n'échappe jamais totalement à la ville dans laquelle on a été enfant, adolescent... Desplechin portait Roubaix en lui, et toutes ses frasques dans les milieux bobos / intellos...

le 25 sept. 2022

25 j'aime

12

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13