Roubaix, la nuit. Une voiture flambe ; le commissaire, regard perdu, rentre au commissariat. Ce policier, Daoud, est la lumière de Roubaix. Celui qui est confronté à la misère sociale et humaine de cette ville qui semble perdue à jamais dans les profondeurs de la pauvreté et où, inexorablement, il tente de trouver l'humanité là où il y en a bien peu. Cette figure est incarnée par un Roschdy Zem au sommet. Il y a dans sa partition mélancolique quelque chose de Bourvil dans le Cercle Rouge.
Conflit de voisinage, viol, escroquerie, mineure en fugue, incendie, meurtre... Cette misère sociale abordée en première partie du long-métrage pourrait laisser deviner un film « à la Dardenne », au réalisme chirurgical. Il n'en est rien. Roubaix, une lumière se rattache largement au reste de la filmographie de Desplechin dans tout ce que le long-métrage a d'allégorique : entre la quête de foi du jeune policier (Antoine Reinartz), la misère sociale et psychologique des deux jeunes filles (Léa Seydoux et Sara Forestier, au charisme remarquable) et surtout les dialogues et la tension qui s'installe des scènes d'interrogatoires, Roubaix, une lumière est un beau jeu de piste qui reprend tous les codes du polar à l'ancienne pour proposer une œuvre romanesque et mélancolique.