La Désillusion en marche

Ah, le Parti Communiste, c'était quand même quelque chose ! Un idéal, un vrai. L'espérance d'un monde meilleur avant la (très) douloureuse désillusion. Et le reflet de toute une époque, connue par Véra Belmont enfant, dont elle offre ici une peinture douce-amère teintée de nostalgie et, surtout, pas mal de mélancolie. Pas vraiment de fausse note : la reconstitution est soignée, on retrouve bien l'ambiance 50's à travers les décors, les vêtements, les objets, mais aussi l'état d'esprit qui pouvait régner alors, entre partisans de « l'ordre établi » (plus ou moins incarné par Lambert Wilson, pas mal) et tenants de la « révolution prolétarienne ».

La réalisatrice montre toutefois peu d'indulgence vis-à-vis du parti staliniste, pointant du doigt l'intolérance totale, voire une forme de violence qui existait dès lors que vous faisiez un pas de côté vis-à-vis de la ligne officielle. Quant à l'histoire d'amour, elle est assez jolie, bien que cette « attirance des contraires » manque de passion. C'est un peu le constat qu'on pourrait faire dans son ensemble : cela manque de passion. Le travail est appliqué, fait avec émotion et sincérité, sans que la réalisation ou le scénario soit capable de nous porter autant que nous l'aurions souhaité.

Si le « souffle romanesque » vient donc à manquer, il n'est toutefois pas la responsabilité de Charlotte Valandrey, dont on regrette la carrière très décevante tant elle incarne avec ferveur une belle héroïne de cinéma, tandis que certaines scènes se révèlent intenses

C'est un joli film, non sans quelques longueurs, mais traitant d'une période intéressante avec émotion et authenticité : à l'instar de la jeune Charlotte, Véra Belmont n'a sans doute pas eu la carrière qu'elle méritait.