Voilà un petit film québécois à la croisée de genres qui ont généralement du mal à me captiver, à savoir le huis-clos, le home invasion et le survival.
Et donc en toute logique, j'ai eu quelque difficulté à me passionner complètement pour le sort de cette famille de la Nouvelle-France contrainte d'accueillir des soldats britanniques durant la nuit de la Saint-Sylvestre 1799.
Néanmoins, ça ne m'empêche pas de reconnaître les qualités du film de Martin Doepner, grâce auxquelles je n'ai jamais vraiment décroché, et je me suis même laissé prendre au jeu à certains moments.
En premier lieu, il faut souligner la qualité du scénario, bien ficelé et peu avare en rebondissements, au point de s'achever sur un final twist du plus bel effet (même si légèrement prévisible pour les cinéphiles avertis).
Ensuite, le contexte historique apporte une certaine valeur ajoutée, éclairant (légèrement) un point d'histoire méconnu dans nos contrées (la guerre de la Conquête et ses conséquences), offrant une forme d'exotisme bienvenu, et permettant un travail sur le langage, puisque on y parle alternativement français et anglais.
L'occasion de mettre en évidence la qualité de l'interprétation, parfois un peu hésitante mais globalement satisfaisante, à l'image de l'héroïne incarnée par Isabelle Guérard, capable de proposer une palette de jeu assez large, ou du capitaine campé par Lothaire Bluteau, qui exprime bien l'ambiguïté de ce personnage.
L'intérêt de "Rouge sang" réside enfin dans sa radicalité assez inattendue : Doepner n'est pas du genre à laisser hors-champ les images qui dérangent, et les âmes sensibles pourraient bien être bousculées par la violence de ce thriller domestique en costumes.