Dans Rough Cut, l’industrie cinématographique ressort égratignée avec une vision toute particulière dont fait preuve Jang Hun, son auteur. Si les personnages de ce film sont stéréotypés à outrance ce n’est que pour mieux les étudier. On assiste dès lors à un film dans un film qui prend des allures de comédie, de drame lorsque ce n’est pas de pur film d’action. Il est intéressant de se demander, si Rough Cut n’est pas emprunt d’un certain cynisme lorsqu’on sait que Kim Ki-duk est de l’aventure comme pour mieux fustiger le star system du cinéma sud-coréen dont ce dernier est en marge. On pense notamment à cette caricature de réalisateur « bouffon » demandant du vrai parce que plus vendeur à ses yeux.
Ainsi, Rough Cut s’intéresse à un rapport réalité/fiction mettant en opposition le cinéma et la vie de tous les jours. Un acteur qui joue dans ses films comme dans la vie un rôle trop grand pour lui. Un malfrat qui joue tout autant dans sa vie de criminel. Le cinéma qui s’inspire de criminels qui s’inspirent eux-mêmes de ce cinéma. Une boucle d’artifices et de simulacres où les individus incarnent un rôle, un jeu permanent qui flotte entre premier et second degré. Un miroir aux alouettes pour un jeu de miroirs où acteur et malfrat se rêvent l’un et l’autre jusqu’à une scène finale parlant de cet état de fait, celle du film (dans le film) où leur identité respective se confonde.
Finalement, Rough Cut reste un film intéressant bien que longuet par moment. Les parties réservées exclusivement aux gangsters sont des plus banales qui soient et reproduisent des choses vues mille et une fois. La chose captivante ici étant bien entendue les parties réservées aux tournages, aux relations acteur/gangsters, à ce miroir et aux images qu’ils renvoient. A noter également les sympathiques clin d’oeil à l’oeuvre de Lee Chang-dong, Green Fish. Œuvre qui s’intéressait déjà au monde interlope de la criminalité.
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