Il était une fois en URSS
Dernière œuvre du réalisateur Alexandre Ptushko, Ruslan i Lyudmila est un peu le mètre étalon du film de conte de fée à la Russe.
Cette adaptation très libre d'un poème de Pushkin voit la belle princesse Lyudmila kidnappée par un nain adepte de la magie noire. Ruslan, son prétendant en titre, et ses trois rivaux partent à sa recherche à travers le pays.
Peu connu dans nos contrées, Ptouchko s'était fait une spécialité des contes de fée et autres histoires fantastiques en Union Soviétique. Ce dernier film du "Walt Disney Russe" représente la quintessence de son style basé sur un univers visuel à la fois riche et rempli d'imagination.
Nanti d'un budget qu'on devine solide, Ptushko se lâche complétement ! Chaque séquence de son film est un tableau remplies de couleurs chatoyantes et de visions fantastiques pleine de poésie. Du palais souterrain de Chernomor avec ses fontaines inversées à la caverne des géants enchainés à la photographie digne de Mario Bava, on est constamment soufflé par la beauté et l'inspiration visuelle dont fait preuve le film.
Rien que pour cela, sa vision est plus que recommandé.
Le reste, sans être mauvais, est toutefois bien moins mémorable. L'intrigue ne présente pas foncièrement beaucoup de surprises et les 2H30 du métrage sont un poil longuettes. Les acteurs déclament leur texte de façon théâtrale et sont toujours impeccables dans leurs costumes brillants, renforçant l'impression (volontaire) d'artificialité de l'œuvre. Logiquement, les personnages qu'ils incarnent sont tous d'authentique archétypes du genre (le bon roi, le prince charmant, le rival fourbe...). Aucune surprise à attendre donc de ce coté là, on est dans le cadre parfaitement balisé de l'univers des contes de fées et on n'en ressortira pour ainsi dire jamais. Quelques numéros musicaux et une poignée de séquences d'action (souvent fantaisistes) rythment agréablement l'ensemble.
Aussi plaisant qu'un Voleur de Bagdad, Ruslan i Lyudmila mérite d'être découvert pour qui aime les histoires fantastiques ou qui souhaiterait dépasser l'arbre Tarkovskien du cinéma Russe.