Un film en mousse d'élastomère

Je trouve que ce film est tout simplement mauvais. Pourquoi? Pas de raison!
J'ai d'ailleur décidé de ne donner aucune raison à l'énervement profond que ce film m'inspire. Après tout, il n'y a pas de raison que seul Monsieur Oizo puisse se réfugier derrière un concept pareil. Je n'ai rien contre le concept en soi, mais faut-il encore parvenir à en faire quelque chose et c'est malheureusement là que le bât blesse. Car de ce concept pas forcément idiot ne surgit que le vide total du propos du réalisateur.
Je sais plus qui disait que de tous ceux qui n'ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent, mais il avait sans doute vu Rubber et parlé à son réalisateur.

Le plus triste, c'est que Dupieux se croit malin. Je sais pas vous mais moi quand un type passe son temps à me dire: "t'as vu comme je suis malin, t'as vu comme c'est fin", ça aurait comme une tendance certaine à m'agacer, surtout quand le type en question s'amuse à faire des bruits de pet en utilisant conjointement sa main, ses aisselles et la sueur un peu rance qui en dégouline.

Pourtant, j'étais dans de bonnes dispositions vis à vis de ce film. Quand on me dit: " tiens, il y a un film sur un pneu ayant des pouvoirs psychokinétiques lui permettant d'éclater des têtes et qui tombe amoureux", je suis en général pressé de le voir (et bien souvent acquis à sa cause).

Le problème principal de Rubber en dehors de la prétention réflexive dégoulinante comme un vieux fromage qui pue de son auteur, c'est que le pitch est fun et c'est à peu près tout. Tout le reste, c'est du vide essayant de se faire passer pour du plein. On peut aussi reconnaitre un certain courage à Dupieux pour essayer de faire passer un film pareil dans un environnement cinématographique de plus en plus fade.
Malheureusement Dupieux confond non sens (qui justement est souvent porteur de sens) et concept facile justifiant n'importe quoi.
Un court métrage aurait largement suffit pour développer pleinement l'idée (ou son absence), mais Dupieux semble manquer de trop de modestie pour cela. Il préfère faire des faux pets sous ses aisselles jusqu’à ce que les imbéciles hurlent en cœur: " quel provocateur! ça doit être un génie!".

Rubber n'est pas une œuvre de génie. Rubber n'est ni drôle, ni effrayant et en plus est ennuyeux .Et pour ce qui est de la soi disant réflexion sur le cinéma contenue dans le film (notamment la relation film/spectateurs) le film n'arrive pas à la hauteur des clef de bagnoles de Baffie (et je suis tout à fait sérieux). Le film a tout de même quelques bons points pour lui. Une bonne bande originale, et une réalisation bien foutue. Les 15 premières minutes du film et les quelques derniers plans sauvent le film du marasme complet, mais c'est à peu près tout ce qu'on peut tirer d'un film qui aurait gagné à être raboté de 5O minutes au bas mot.

En conclusion, Rubber mériterait moins de points pour l’intérêt que je lui porte, mais mérite son cinq sur dix pour son originalité, son concept et une réalisation plutôt valable.