Voilà l'OVNI tant attendu. Et de ce point de vu, Rubber a comblé mes espérances : C'est en effet LE film zarb de l'année.
Mais au delà de cette promesse tenue (ce qui est déjà énorme), que reste-t'il ? Ben pas grand chose.
La scène d'ouverture avec une voiture et des chaises est grandiose d'absurdité et laisse présager quelque chose d'intéressant. Le monologue du flic (Stephen Spinella est vraiment bon d'ailleurs) à propos du no reason est effectivement intéressante. Ça commence bien mais une question arrive déjà : OK pour un film sur le non-sens, ça n'est pas pour me déplaire, mais pourquoi utiliser les dix premières minutes à se justifier ? De quoi Dupieux a-t'il peur ?
Peut-être qu'il me prend pour un imbécile, avachi sur mon fauteuil, ingurgitant les images telles quelles de mon regard bovin, incapable de mener une réflexion par moi-même et d'accepter l'idée de non-sens ?
Et là, le soufflé retombe aussi vite qu'il est monté. Oui, il y a du non-sens et de l'absurde, mais la question qui m'a assaillé tout le long du film n'a pas été "pour quelle raison ?", mais "quel intérêt ?"...
Pari raté donc, à cause de ce besoin constant de justifier le non-sens par le leitmotiv no reason.
Raté également parce que sous des airs de "film intelligent", la réflexion est finalement assez creuse, beaucoup trop superficielle.
Donc non, Rubber n'est pas un film qui fait réfléchir sur la quête vaine du sens à de la vie, ou que sais-je encore ce que certains critiques qui chauffent du ciboulot iront chercher (le parallèle comédie/réalité...) : c'est finalement juste un film loufoque sur un pneu qui tue des gens, une succession de scènes idiotes, parfois gores, parfois connes, qui n'apportent strictement rien à l'édifice. Le parti-pris du non-sens explicité dès le départ, le reste n'est qu'une vague illustration.
Mais quand même : c'est marrant et bien foutu.