Du nonsense culloté et une réflexion sur la notion de spectacle au cinéma.

Avec Rubber,Quentin Dupieux a signé un film expérimental réussi car il n'ennuie pas celui qui le regarde.Au delà de ce pneu serial-killer ,animé de la même envie de tuer que l'assassin de No country for old men, le réalisateur met en scène son odyssée meurtrière inexplicable. A priori, ce que le spectateur doit voir se passe autour de ce pneu pas comme les autres. Sans vous dévoiler l'essentiel, on trouve des spectateurs voyeuristes assoiffés d'être les témoins occulaires de ce spectacle de pneu tueur aussi immoral qu'un snuff-movie. Nous avons aussi d'autres personnages dont on se demande s'ils sont acteurs du film ou complices de l'entreprise qui a entraîné nos spectateurs dans ce bled paumé américain. Sur un matériel de base incongru,Quentin Dupieux effectue plusieurs mises en abyme et propose donc au spectateur de son film plusieurs niveaux de lecture qu'il lui faut s'approprier et décrypter.
Le temps fort du film demeure sur la réaction des spectateurs quant aux méfaits du pneu tueur. En les observant, vous remarquerez une certaine façon de vivre le cinéma, qui sera la vôtre ou celle d'un autre ou même encore ni l'une ni l'autre.Ce qui est intéressant, c'est qu'en vous situant par rapport au spectacle, vous vous moquerez quand même de certaines individualités que vous trouverez idiotes,insupportables et même parfois réfléchies car des spectateurs ne gobent pas tout ce qu'on veut bien leur faire avaler(Vous comprendrez cette phrase en voyant le film).
Avec l'histoire improbable de ce pneu qui se meut et réagit parfois comme un humain, Quentin Dupieux a aussi montré son talent de metteur en scène.Je dirai même plus qu'il est montreur. Avec talent, il revisite un classique,Duel,où un camion meurtrier poursuivait allègrement et aveuglément tout ce qui se dressait sur son chemin. Il y a aussi l'esprit pulp de Tarantino forcément lorsque le sang jaillit de chaque victime. On sent aussi que le réalisateur a dû consommer un max de séries policières ringardes pour bien incarner ce shérif bouseux et bien sûr de ses capacités philosophiques (le no reason,scène culte du début).
Entre rires, nonsense poussé à son paroxysme et un brin de glauque, le spectateur passe un bon moment car il a un oeil sur l'action démente et écoute les intentions derrière les dialogues. Même si vous n'adhérez pas totalement, ça serait dommage de passer à côté de ce film inventif et foisonnant.
Specliseur
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le 16 juil. 2014

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