Sympa ce film.
Ce qui est fascinant, il faut le dire, c'est le travail de reconstruction opéré par Dubosc ; il reprend ici son personnage habituel, séducteur, macho, 200% viril, mais la touche d'arrogance en moins, parce que son personnage est ici cassé : probablement qu'il était grande gueule et qu'il était sûr de ne pas échouer, mais il a échoué, du coup maintenant il la ferme et fait profil bas. Cela permet à la fois à Dubosc de reprendre ses gags habituels mais de les articuler différemment. Par exemple, ce moment où son personnage se lamente en slip devant sa fille, se lève soudainement devant elle exposant son renflement ; cet instant aurait par le passé été bien mis en avant avec une musique appuyant l'effet humoristique et une grimace bien plus accentuée pour la personne en face ; dans ce renouveau de Dubosc, le plan est furtif et la réaction de sa vie aussi, on comprend juste très vite le malaise mais on n'en fait pas des caisses. Le film est construit comme cela tout du long. Cela reste bien con bien français, mais c'est moins rigolard, et de ce fait on se marre mieux (la présence de Darroussin confirme cet état d'esprit).
Le récit est globalement bien écrit ; l'on appréciera la volonté d'échapper aux poncifs du genre, par exemple l'habituellement incontournable dispute parce qu'un personnage a menti ; ici Dubosc évite ce piège grâce au personnage féminin qui devine toutes les manigances de son père et en joue, ce qui est très malin ; le seul souci, c'est que, du coup, ça manque un peu de conflit, l'entente est trop parfaite. L'autre défaut c'est que, si la fille cherche un peu à en savoir plus sur son père (très belle scène où elle découvre son père au travers de quelques objets, les dialogues ne sont même pas nécessaires pour comprendre ce qu'elle ressent, une subtilité inattendue et finalement trop rare au cinéma de manière générale), de même que le film manque de scènes avec de vrais échanges ou au moins de vraies tentatives de communication (une fois que les identités sont révélées). Les gags sont bien construits, les personnages sont bien écrits, les dialogues sont efficaces. La déconstruction du macho man dans ce monde plus doux qu'il ne l'aurait souhaité, son homophobie latente, ses a priori racistes naïfs rendent le personnage encore plus attachant, et le ton dramatique permet de mieux faire passer l'humour parfois plus trash.
La mise en scène est sobre, avec une caméra bien placée pour exposer les intentions, renforcer les gags, laisser de l'espace aux acteurs, jouir des décors. Et même apprécier quelques chorégraphies ; certes, c'est surdécoupé, c'est trop court, mais l'on a tout de même droit à quelques moments dansés pas déplaisants à suivre. Les acteurs font du très bon boulot, tant les secondaires que les principaux ; Dubosc se révèle tout en sobriété mais ne se prive pas de ses grimaces d'hypocrite. La BO passe bien aussi.
Bref, que voilà une belle surprise.