Pourchassé par Big Momma, une impitoyable cheffe de gang à qui il doit de l’argent, Jack n’est plus que l’ombre de lui-même, après des dizaines de combats en cage. Abandonné à la naissance, il aimerait sauver la maison de Maryann, sa mère adoptive, qui se trouve aujourd’hui sur son lit de mort. Jack tombe un peu plus profond dans le désespoir lorsque l’argent qu’il avait fini par récolter pour payer Big Momma disparaît…


Certains films de baston reposent tout entiers sur leur acteur principal. La zénitude rondouillarde d’un Steven Seagal, le charisme inégalable d’un Chuck Norris… Ici, il s’agit d’Aaron Eckhart, qui campe magnifiquement le personnage de Jack. Buriné par la vie, ciselé par la douleur, notre ami Jack traîne péniblement sa carcasse de bars miteux en coins de nature marécageux, l'air hagard, complètement pété par divers traumas crâniens, et aussi un peu par le whisky qu’il descend comme de l’ice tea !


Par sa réalisation, Rumble Through the Dark est beaucoup plus un drame sur un homme à la vie pas facile qu’un véritable film d’action. L’ambiance est servie par des ralentis et de beaux plans travaillés, auxquels viennent s’ajouter de magnifiques mélodies au violon, à la fois profondes, mélancoliques mais aussi porteuses d’un certain espoir, maigre et lointain. L’ensemble colle parfaitement au propos du film, et s’il reste assez classique dans son genre, il prend soin d’éviter l’amateurisme ou les stéréotypes. On se prend vraiment d’affection pour cet homme qui semble porter la vie comme le Christ portait sa croix, on est ému par tout l’amour qu’il portait à sa mère et par son combat, qu’il mène tout autant pour la mémoire passée de ses proches que pour leur futur (le bonhomme se trouvera une fille dans ses pérégrinations !). L’ambiance étouffante du fin fond de la cambrousse du Mississippi contribue également à l’atmosphère contrastée du long-métrage.


J’ai parlé d’Eckhart plus haut, dont le jeu est vraiment remarquable, mais le reste du casting suit : aucune fausse note sur ce point. Le gros point faible du film est plutôt à chercher du côté du scénario, bien faiblard et sans grande cohérence, qui s’égare un peu partout en nous offrant des personnages dont il ne fera rien (comme Baron). Dommage !


Derrière ses bourre-pifs sans pitié et son personnage principal de gros dur mal dégrossi, Rumble Through the Dark cache une sensibilité à fleur de peau et nous gratifie d’une belle réalisation, qui développe un joli propos sur la famille et même l’identité, en parvenant surtout à transmettre une authentique tendresse. Qui aurait cru que je serais touché par un film où les mecs se collent des mandales capables d’assommer un éléphant ? Comme quoi, tout est possible, et on ne peut que saluer le travail des frères Philips pour prouver que le film d’arts martiaux n’est pas (forcément) du sous-divertissement pour décérébrés ou amateurs d’hémoglobine.

C4r4mel
7
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le 17 juil. 2024

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