Un château, un huis clos, une élite réduite à l’errance. Rumours, nuit blanche au sommet narre un récit cynique où le pouvoir, privé de ses artifices, se délite dans une pantomime absurde. Convoquant l’esprit du théâtre de l’absurde, le film enferme les dirigeants du G7 dans un décor coupé du monde, les laissant s’effondrer sous le poids de leurs propres contradictions. Ici, le langage politique se vide de toute substance, et les décisions ne sont plus qu’un rituel vain, une performance creuse où la langue de bois et la logorrhée bureaucratique devient dialecte officiel.

D’abord burlesque, la mise en scène évolue vers une étrangeté inquiétante. À mesure que la nuit avance, la structure du film se dérègle, épousant la panique diffuse des protagonistes. La disparition soudaine du personnel laisse place à des interrogations : qui les a abandonnés ? Sont-ils surveillés ? Isolés, ils se replient sur eux-mêmes, s’accusant mutuellement, révélant les failles et la peur. La forêt qui encercle le château prend alors une symbolique, incarnation du chaos extérieur qu’ils tentent vainement de juguler par des discours désincarnés.

Mais à force d’appuyer son propos, le film finit par se perdre. La critique du vide politique, d’abord percutante, s’essouffle sous la répétition. L’humour, qui fonctionne dans un premier temps, devient pesant à force d’être martelé. L’image, maladroite, peine à instaurer l'horreur auquel elle aspire, et certaines scènes semblent si mal filmées, plombées par des effets visuels mal maîtrisés. Le film veut dénoncer l’inanité du pouvoir, mais il finit lui-même par tourner à vide.

Et lorsque vient le temps de conclure, Rumours s’égare dans un dernier acte chaotique, accumulant les pistes et les discours. À l’image de ses personnages, il se noie dans ses propres discours, laissant le spectateur face à un constat amer : sous la satire, il n’y a peut-être rien d’autre qu’un écho creux.

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