Running Out of Time 2 par DrunkenBastard
Running out of time 2 accomplit ce que son aîné avait maladroitement esquissé. La mise en scène ampoulée laisse place à une épure très maîtrisée, dans la tradition des productions de Johnnie To : la caméra sait se mouvoir avec délicatesse lors des plans contemplatifs, ou se montrer nerveuse lors d'une course musclée en vélos pour appuyer le ridicule de la scène. Le découpage a gagné en fluidité, on sent qu'un vrai travail de construction a été opéré pour narrer au mieux la succession d'évènements absurdes qui alimentent le scénario. Bref : la réalisation retrouve sa fonction première de fil conducteur, au lieu de vouloir s'imposer comme un élément moteur de rigololade. Et tout de suite, ça le fait mieux.
Il s'agit d'une suite très indirecte (on se demande d'ailleurs si le titre a encore la moindre légitimité), qui se soustrait intelligemment aux artifices du premier. En terme de cadre policier, auparavant prétexte mal assumé (rapport au déroulement informe et un tantinet chaotique qui en découlait), comme en terme de mise en forme pour les raisons évoquées plus haut. Une soustraction qui permet à cette suite d'assumer pleinement son côté humoristique. Paradoxalement, on ressent davantage la promiscuité entre le polar sauce HK, et la comédie farfelue. Force est de constater que les prétentions boursouflées du premier volet se sont transformées en véritables enjeux de Cinéma dans ce numéro deux. On esquivera pas une poignée de longueurs ou quelques passages un peu lourdingues, mais il serait malvenu de cracher sur un film qui pallie aussi vaillamment aux faiblesses de son prédécesseur. La bande-son, délicieusement insignifiante, alterne entre claviers tout droit sortis des nineties et beat électrique à la Hard Boiled pour distiller un suspense in-sou-te-nable lors des passages un peu (ou pas) tendus. Côté distribution, le tandem commissaire/subalterne fonctionne désormais plutôt bien, par instants on croirait même retrouver la relation de couple Chow/Ng croisée dans pas mal de longs-métrages débiles. On notera aussi une apparition formidable de Lam Suet.
Running out of time 2 concrétise donc les ambitions déchues du premier film, mais s'adresse néanmoins aux fans des trips à la Wong Jing davantage qu'à ceux du cinéaste virtuose.