Pas les moyens (ni le talent) de ses ambitions

Quelle curieuse impression laissée par « Running with the Devil ». Je ne peux m'empêcher de penser qu'avec autrement plus de talent, de moyens et d'ambitions, cela aurait même pu être un très bon film. Sans être totalement neuve, cette idée de montrer le cheminement de la drogue de sa « création » jusqu'à sa consommation à travers toutes les étapes et toutes les personnes que cela implique, je trouvais ça prometteur, et ne serait-ce que pour ça et quelques scènes faisant leur petit effet, j'ai failli mettre la moyenne.

Malheureusement, on reste dans une logique très démonstrative, ne cherchant jamais vraiment formellement à se départir de cet aspect DTV, visuellement, techniquement ou même dans la manière de raconter l'histoire, parfois bancale, semblant hésiter entre drame et comédie, à l'image du personnage interprété par Adam Goldberg. Mais bon, comme vous l'imaginez, si mon regard s'est arrêté sur ce titre, c'est évidemment pour la présence de Nicolas Cage, accompagné pour l'occasion d'une autre vieille gloire à la carrière flottante depuis pas mal d'années : Laurence Fishburne. Les deux font franchement le boulot, dans des rôles vraiment pas si mal écrits que ça, notamment le premier en « cuisinier » bedonnant au cœur du trafic, n'hésitant pas à se salir (grandement) les mains lorsque le business est en danger.

Si ce film me reste toutefois (un peu) en mémoire, c'est clairement pour sa scène finale : brutale, inattendue, elle offre un drôle de ressenti, entre vrai-faux « happy end » forcé et disparition d'un personnage qu'on finissait bizarrement par presque apprécier. Un drôle d'objet, loin d'être abouti ou d'éviter certains clichés, s'apparentant parfois à un « Sicario » du pauvre (ce qui ne serait déjà pas si mal), mais pouvant interpeller de temps à autre, pour un projet qui aurait pu être autrement plus porteur dans les mains des bonnes personnes.