Rush est une vraie bonne idée de biopic. L'histoire presque romanesque de la rivalité entre Hunt et Lauda ainsi que la saison 1976 de Formule 1 restée dans l'Histoire de ce sport comme une des plus intenses et des plus imprévisibles forment un sujet légitime pour un film.
Rush est donc l'histoire de deux meilleurs ennemis de la Formule 1 à l'époque où les voitures sont des cercueils ambulants. Le spectacle de la course est presque morbide, on attend l'accident comme on attend qu'un torero se fasse encorner. Ça fait partie du spectacle en quelque sorte, on regarde des fous jouer avec la mort. La guerre des egos entraîne une haine mutuelle et pousse les deux coureurs à aller toujours plus loin. Ils sont les meilleurs et se battent donc pour la première place, mais il semble que pour eux le plus important soit de devancer l'autre. A l'époque où les sportifs n'étaient pas assistés d'aide en communication et disaient ce qui leur passait par la tête, Hunt et Lauda s'envoient des mots d'oiseaux par médias interposés tels des boxeurs qui essaieraient de déstabiliser leur adversaire.
Avec une fidélité des faits presque surprenante, Ron Howard nous plonge dans cette rivalité sans favoriser un coureur plus que l'autre. Chacun a ses qualités et ses défauts, et éviter le manichéisme est presque un miracle au pays d'Hollywood. Les deux premiers rôles sont impressionnants de réalisme. Outre la ressemblance physique, ce sont les attitudes et même les mots choisis qui font la performance des acteurs ici. Howard filme intelligemment les courses, avec des points de vue qu'on ne pouvait pas avoir à l'époque, comme la vue depuis l'intérieur du cockpit, aujourd'hui basique.
Ne cherchant pas à faire dans le mélo, Ron Howard réalise un film relativement sobre sur une des plus grandes rivalités du sport. Au-delà de la haine apparente entre les coureurs, ils se respectent mutuellement mais cherchent presque à le cacher pour ne pas perdre leur motivation. Dans un monde sportif de plus en plus aseptisé, il devient rare de trouver une telle rivalité, le genre de celle qui nous pousse à devenir meilleur chaque année jusqu'à parvenir à faire tomber cet adversaire-ennemi. La seule me venant à l'esprit est d'ailleurs la rivalité entre France et Espagne en basket, puisque nos basketteurs se sont faits éliminer systématiquement pendant 8 ans avant d'enfin prendre le dessus, pour notre plus grand bonheur.
Bien écrit, bien filmé, bien joué, pas trop hollywoodien et fidèle à la réalité, Rush est le film qui immortalisera ces deux grands sportifs qui auront permis à l'autre de se transcender et qui auront marqué l'histoire de leur discipline. Un bel hommage.