Vroooouuum ! Pouet ! Pouet ! Boum !
Voici à peu près comment on pourrait résumer Rush. Un film avec des grosses voitures qui ont des gros pneus, qui vont super vite et même que les filles adorent ça.
Un film pour les fans de Formule 1, pour qui les noms de Hunt et de Lauda allumeront des petites étoiles dans leur regard humide. Un film résolument tourné vers la gente masculine avec des gros plans de fessiers brésiliens et de soupapes chromées. Un film où les deux héros sont des goujats de première, arrogants comme c’est pas permis, mais que jamais personne ne reprend, si ce n’est le héros du camp d’en face. Un film pour les grands garçons qui aiment à s’imaginer un jour au volant d’un de ces bolides furieux, roulant des mécaniques au milieu de sublimes poulettes refaites de partout prêtes à tout pour tâter du milliardaire (quitte à se prendre de multiples volées de bois vert parce que madame a osé demander une balade en amoureux en pleine reco du circuit de Monaco).
Rush, ce sont essentiellement deux acteurs : Daniel Brühl (Nikki Lauda) et Chris Hemsworth (John Hunt). Les autres, on s’en fiche un peu en fait. Il y a bien deux-trois actrices qui viennent squatter l’écran quelques minutes, mais elles sont justes là pour illustrer un peu plus les différences entre les deux pilotes. En effet, si ces derniers sont liés par leur fierté crasse qui éclabousse tout le monde et leur entêtement à se glisser dans un cercueil roulant tous les dimanches, un monde les sépare pour le reste. Le premier est un petit génie de la mécanique – il sait même mieux que les mécanos comment construire une F1 – dont la vie est réglée comme une horloge : il se couche avec les poules, ne boit pas, ne fume pas, ne fait pas la fête et n’aime qu’une seule femme. Le second pilote à l’instinct et brûle la corde par les deux bouts : il dort à pas d’heure, boit comme un trou, fume comme un sapeur et s’envoie tout ce qui ressemble de près ou de loin à une bimbo en mini-short. Détails sur les personnages que le spectateur n’est pas près d’oublier puisqu’on lui martèle tout le long du film.
Rush, c’est aussi une foule de gros plans sur des rétroviseurs, des pneus, des pédales ou des leviers de vitesse. Des images floues, en plan serrés, qui sautent d’une voiture à l’autre. D’une paire d’yeux à l’autre. Et d’un circuit à l’autre. Un film F1-centré où aucun événement n’arrive sans qu’il ne soit connecté aux courses. Un film avec une caméra qui tremble un peu trop à mon goût, où la photographie est saturée à fond et où seules les séquences du circuit du Japon rincé par la pluie on trouvé grâce à mes yeux. Un film, enfin, où la BO est répétitive à souhait. Hans Zimmer a joué la carte de la fainéantise en nous resservant les mêmes notes de violon toutes les dix minutes. Une introduction assez similaire aux Pluies de Castemere de GoT d’ailleurs. Le tout ornant un scénario convenu à souhait, avec des scènes que tout le monde a déjà vu un bon milliard de fois (était-ce bien nécessaire de montrer Numéro 13 s’angoissant sur son canapé pour un mec qui lui a parlé comme à un sous-étron plusieurs mois auparavant ? Et qui n’avait pas deviné ce que Lauda avoue de son adversaire à la fin du film ?).
Bref, une œuvre peu intéressante pour les non-amateurs de Formule 1, prévisible et à la technique imparfaite. 5, c’est pour les images du circuit du Japon, singulièrement d’actualité.