La fille du consul de Chine à Los Angeles est enlevée par un gang chinois que le diplomate a contribué à en partie ruiner et démanteler.Il fait appel à son ami l'inspecteur Lee,avec qui il travaillait à Hong Kong,mais le FBI,craignant que cet étranger ne vienne entraver l'enquête,décide de lui adjoindre un policier chargé de l'éloigner et de le surveiller.La mission est confiée à Carter,le flic le plus catastrophique du LAPD,un mythomane grande gueule et incompétent.Après des débuts très antagonistes,le chinois taciturne et le black volubile vont sympathiser et contre toute attente résoudre l'affaire comme dans tout buddy movie qui se respecte.Premier volet d'une franchise de trois unités,un quatrième est dans les tuyaux,le film est réalisé par Brett Ratner,cinéaste bankable à l'époque,on lui doit les trois "Rush Hour" ou "X-Men 3",qui s'est effacé depuis qu'il s'est fait gauler par la patrouille #MeToo.Du coup il n'a plus rien tourné depuis 2014 et a été écarté du projet "Wonder Woman 2".Le scénario est signé de Jim Kouf,qui a réalisé quelques films,et de Ross LaManna,tandis que l'excellente musique à dominante métallique est l'oeuvre du grand Lalo Schifrin,qui s'est illustré au cinéma et surtout dans les séries télé,notamment avec sa mémorable composition pour "Mission impossible".Il y a deux aspects dans "Rush hour",l'un fonctionnant et l'autre non.Ce qui pêche est le côté polar-thriller,porté par un scénario linéaire et plat vu mille fois,totalement dépourvu d'originalité et d'intérêt,et qui vers la fin se délite sérieusement en sombrant dans l'incohérence et l'invraisemblance,sans parler du "twist" impliquant un méchant qu'on peut facilement griller dès les scènes introductives.Ce qui fonctionne en revanche est le versant comédie d'action,chacun des deux héros étant spécialisé dans l'un ou l'autre.A Carter la dimension comique,assurée par ce tocard infernal inconscient de sa nullité,légèrement ripou sur les bords, qui possède un inaltérable bagout.Multipliant les initiatives désastreuses et les vannes irrésistibles,il apporte au film un humour décontracté parfaitement désopilant.En face de lui Lee incarne le clown blanc,le mec sérieux,coincé,consciencieux et compétent qui doit supporter les pitreries de son coéquipier.Par contre,quand il s'agit de baston,le chinois se pose un peu là.Cogneur infatigable d'une souplesse diabolique,il anime des scènes de poursuites,de gunfights ou de bagarres absolument incroyables shootées avec une belle énergie par Ratner,dont le découpage est des plus performant.Les combats sont foutrement imaginatifs et chorégraphiés de manière hallucinante.Naturellement,les compères vont interagir et s'influencer l'un l'autre.Lee va se détendre et s'acclimater aux comportements américains,alors que Carter abandonnera progressivement sa désinvolture cynique pour se révéler efficace,plein d'abnégation et héroïque.Tout ça ne serait pas possible sans la qualité des interprètes qui,dans leurs registres habituels,se montrent extrêmement brillants et développent une évidente entente.Chris Tucker,sorte de clone d'Eddie Murphy,impose une présence et un charisme incontournables.Ce n'est pas du niveau de Murphy mais ce prince de la tchatche et de la réplique qui tue sait occuper l'espace et fait un numéro éblouissant,s'appuyant sur sa gestuelle démente,sa mobilité faciale et son débit oral inaltérable.Par contre la hype dont il a bénéficié un temps n'a guère duré et on l'a peu vu au ciné.L'immense Jackie Chan,déjà 44 ans à ce moment-là, nous fait une nouvelle démonstration de ses ahurissants talents d'acrobate et de combattant de kung-fu.Il est clair que ses aptitudes de comédien sont très limitées mais sa façon de se jouer de la pesanteur,des obstacles et de ses adversaires est aussi jouissive que bluffante.Il n'a visiblement pas attendu l'invention du street run pour cabrioler de partout.De bons seconds rôles de l'époque sont à l'affiche avec Philip Baker Hall en supérieur de Carter pressé de se débarrasser de l'olibrius,Tom Wilkinson qui est le salopard comme d'habitude,Elizabeth Peña,la première copine de Richie Valens dans "La Bamba",en policière râleuse mais sympa et un Chris Penn savoureux en trafiquant d'explosifs placide.