Réalisé dans la foulée d' Outsiders qui évoquait déja le malaise de la jeunesse à une époque différente, Rusty James est devenu au fil du temps et en reprenant une expression trop reservie, un "film culte" avec une intrigue qui rappelle la Fureur de vivre dont James Dean était le héros. Coppola adapte un roman également culte des ados américains signé Susan Hinton et livre une oeuvre insolite sur cette fureur de vivre des années 80, et surtout le mal de vivre de certains loubards des banlieues au travers d'une intrigue pourtant minimaliste mais qu'il transfigure d'une façon sensible, à la limite sentimentale et en apportant une réelle émotion.
C'est une sorte de poème urbain désespéré et mélancolique, avec certaines références (Dennis Hopper n'est plus le hippie mythique de Easy Rider mais un vieux pochtron pathétique), des recherches visuelles (emploi des courtes focales et un superbe noir & blanc), et des personnages bien travaillés, dont celui de Motorcycle Boy, le grand frère de Rusty qui revient dans son quartier, incarné par Mickey Rourke qui trouvait là un rôle important qui allait le propulser vers la gloire ; Rusty incarné par un jeune Matt Dillon constamment dans l'admiration du frère ainé, se jette dans un parcours initiatique violent mais dont il sortira meurtri et enfin adulte.
La lenteur de l'action, le message philosophique certes peu subtil, les acteurs, les recherches musicales de Stewart Copeland participent grandement à cette ambiance de rivalités et de combats entre bandes, tout n'est qu'une question d'atmosphère. Coppola signe un film d'auteur très habile qui surprenait dans sa filmographie en 1983.