Jean Marais joue les jeunes premiers dans un double rôle propice à un quiproquo, une fois n'est pas coutume, dramatique.
L'adaptation du drame de Victor Hugo est très conventionnelle. Pierre Billon s'appuie sur une reconstitution très costumée pour mettre en scène des intrigues de palais à la cour d'Espagne. Sa réalisation suit fidèlement les rebondissements du sujet sans rien y ajouter ni sortir du cadre étriqué de la "qualité française" appliquée aux adaptations d'oeuvres romanesques. Devenue chose cinématographique, l'oeuvre littéraire d'Hugo perd de sa singularité, de sa richesse, pour se fondre dans la masse des productions mélodramatiques de l'époque.
Heureusement qu'en quelques occasions la présence de Jean Cocteau au générique assure à l'histoire d'amour entre la Reine et Don César, alias Ruy Blas, une dimension supérieure au romantisme commun du cinéma d'après-guerre. On retrouve dans la passion entre Darrieux et Marais l'accent tragique des amours interdits, ce talent qu'avait l'auteur de "L'aigle à deux têtes" de transcender l'ostentation théatrale par une idée métaphysique de l'amour.