Erin Gilbert est professeur de physique. En passe d'être titularisée dans une prestigieuse Université, son passé la rattrape sous la forme d'un livre qu'elle a co-écrit dans sa jeunesse, et dans lequel elle admet l'existence des fantômes. Persuadée qu'une telle publicité nuirait à sa titularisation, elle se met en quête de la co-auteure, Abby, son amie d'enfance qu'elle a quitté voilà des années en de mauvais termes, pour la convaincre d'effacer son nom de l'ouvrage. Elle va la retrouver dans un laboratoire, où accompagnée d'une physicienne nucléaire nommée Lilian, Abby construit des machines pour traquer et enfermer des entités paranormales. D'abord perplexe, Erin va se voir embarquée dans l'aventure de sa vie lorsque des ectoplasmes commencent à se manifester un peu partout dans New York...
Difficile de reprendre une franchise aussi culte que celle de Ghostbusters, pilier pop-culturel des années 80... non pas que les deux premiers films réalisés par Ivan Reitman soient d'impérissables chefs d'œuvre, mais disons plutôt qu'ils possèdent bien trop de fidèles pour tenter la moindre approche. Il est vrai qu'à l'époque actuelle, Hollywood fonctionne davantage en recycleur qu'en créateur, si bien qu'il devient difficile de trouver en salles un produit qui ne soit pas le rejeton plus ou moins lointain d'une licence restée de l'autre côté de l'an 2000, et le nombre de remises à jour ne cesse d'augmenter. Alors un de plus, un de moins, quelle différence, hein. Sauf que là, ça a posé problème.
Parce que le film est un reboot? Ce n'est certainement pas le premier. La Planète des Singes de Rupert Wyatt en 2011 en est un, et il a permis la création d'une trilogie unanimement saluée par la critique et le public.
Parce qu'il sort en 3D? Bon sang, ce procédé a été créé dans les années 50, avant de revenir en grandes pompes il y a quelques années pour me permettre de perdre deux euros supplémentaires dans des superpositions dégueulasses d'arrière-plan.
Parce qu'il est pas drôle? Ah, à la rigueur ça pourrait jouer- et c'est même une honte, de la part d'un réal envisagé un temps comme le nouveau Judd Apatow, et d'un casting principal intégralement composé de comédiens du Saturday Night Live- puisque le scénario enfile les blagues caca-prout-vagin comme des perles sur un collier, et plonge un peu plus, à chaque réplique, le spectateur dans le malaise (exception faite de quelques répliques tellement tordues qu'elles arrachent un sourire, à moins que ce ne soit dû au charisme d'un Chris Hemsworth déterminé à jouer de son image de personnage Marvel).
Parce que c'est une relecture féminine? Ah là c'est sexy, là c'est vendeur. C'est tendre un bâton en or pour se faire battre, à une époque où une bande d'arriérés squatteurs de forums immatures, ou une bande de folles bariolées du cuir chevelu manifestant à poil, ont droit de vie ou de mort sur un film. Devenu en un temps record porte-étendard de la lutte féminine, ce Ghostbusters du XXIe siècle est surtout devenu un mouton noir, avant même sa sortie, puisque son premier trailer a été la vidéo la plus détestée de YouTube. Un film pestiféré, dont son réalisateur Paul Feig n'a pas voulu l'aura sociale, et qu'il va jusqu'à regretter aujourd'hui.
Non, le véritable problème de cette itération 2016, c'est le poids de l'héritage populaire du diptyque original. Ghostbusters fait partie d'un odieux package hérité de cette intouchable décennie, composé également, par exemple, de Retour vers le Futur II ou encore Blade Runner, ce genre de films sur lequel on ne peut pas se permettre d'émettre un avis ne serait-ce que mitigé sous peine de s'attirer les foudres d'une fanbase bien-pensante, collée à la VHS de leur film de chevet comme une mouche sur un étron de passéisme. Je n'ai pas peur de le dire, je ne les trouve pas, personnellement, si intéressants qu'on peut le dire (non, tout ce qui est estampillé 80's n'est pas culte, merde).
Comme s'il était impossible de se dépêtrer de l'original, cette version girly croule sous le cahier imposé des relectures: caméos de l'équipe originale, références qui ne feront sourire que les connaisseurs qui n'auraient pas encore vomi sur le DVD, utilisation du score de 1984 dans le film et de sa version ultra moderne dans le générique de fin, iconographie inévitable qui permet un climax assez déconcertant ...
(le vilain du film prend le fameux bonhomme marshmallow comme forme finale, prouvant bien que le pire ennemi des Ghostbusters, c'est Ghostbusters)
Dommage dès lors, parce que le film recèle quelques bonnes idées, notamment graphiques via une utilisation parfaite des teintes électriques, des designs de fantômes bien foutus, quelques répliques efficaces... mais qui peinent à surnager dans l'océan de passéisme écrasant.
Regarder SOS Fantômes, c'est comme rencontrer quelqu'un que tout le monde déteste, et le détester aussi, mais pas pour les mêmes raisons...