Peter Parker vit dans la nostalgie de sa participation au combat opposant l'équipe de Tony Stark à celle de Captain America. Il passe ses journées de lycéen à regarder les vidéos qu'il a pris lors de l'affrontement, à aider tant bien que mal le voisinage, et à inonder la messagerie vocale du chauffeur d'Iron Man de rapports de super-héros, dans l'espoir qu'on le recontacte pour une nouvelle mission. Tout pourrait changer lorsque débarque le Vautour, leader d'une équipe de nettoyage des dégâts liés à l'invasion Chitauri de New York, mis sur la paille lorsque Stark a décidé de s'occuper du traitement des déchets via sa boîte privée, et qui compte bien récupérer son dû par l'exploitation de la technologie alien...
Sixième (déjà!) film consacré à l'icône Marvel, après la trilogie de Raimi et le diptyque mal aimé de Webb, ce Homecoming nous épargne, dieu merci, une énième origin story. Ici, pas de morsure ni d'Oncle Ben (à peine souligné par une réplique de May), Jon Watts nous lance directement dans une aventure de l'homme-araignée, en considérant, à juste titre, la génèse du super-héros comme acquise par le public. Suite directe de l'indigeste Civil War des frères Russo, dont Spidey était le point le plus fort, Homecoming suit un Peter tour à tour motivé et dépité, porté par une inébranlable volonté d'être utile à la société, mais aussi plombé par les réticences d'un Tony Stark fort exigeant, qui l'obligera à se pousser dans ses ultimes retranchements afin de prouver qu'il "mérite" son costume. Un thème qui suit une probable remise en question de l'Iron Man suivant les accords de Sokovia, et qui je l'avoue, m'a fait craindre dès le premier trailer que Robert Downey Jr ne tire la couverture à lui, faisant de Spidey un second rôle de son propre film.
Heureusement, je me trompais. Iron Man est présent sur le fond, mais laisse le champ d'action à un Tom Holland impeccable, capable de se démarquer de ses prédécesseurs en incarnant un Peter tout en nuance, à la fois touchant et très drôle sans jamais cesser d'être crédible. Pari plus que réussi pour ce nouveau casting, que composent également un Robert Downey Jr qui semble récupérer un peu de fun dans son acting et ne se résume plus à une coquille vide en CGI, et à une Marisa Tomei sublime en Tante May (une May en MILF, fallait oser). Et que dire de Michael Keaton, saisissant en Vautour, qui rejoint aisément le panthéon des Vilains Marvel, et semble, grâce à sa prestance noire et inquiétante, mettre fin à une malédiction de méchants jetables dont l'écurie de Stan Lee s'était faite spécialiste (ils ont quand même bousillé Mads Mikkelsen dans Docteur Strange, faut le vouloir, hein).
Honnêtement, ce Homecoming, subtilement dosé entre action et humour, serait parfait s'il n'était pas plombé par une discrimination positive outrageusement arriviste, sorte de diversité imposée par des agendas sociaux aberrants, qui desservent plus le film qu'ils ne l'aident vraiment. Ainsi, le meilleur pote de Peter est un gros polynésien, le musclé Flash Thompson devient un indien bourgeois, le love interest de Parker est afro-américaine et MJ, une sorte de caricature mêlant le féminisme, la caution black et l'engagement social digne d'un white knight. Un glaçage "social approved" qui a tiré le film en salles tel un boulet à son pied, l'empêchant de devenir LE Spider-Man dont les fans rêvaient...
Regarder Spider-Man Homecoming, c'est comme rendre visite à un ami cher, être rassuré que son oncle ne soit pas aussi envahissant qu'on le craignait, et se faire emmerder toutes les cinq minutes par une bande de chez Tumblr.