La contrainte avec laquelle doivent composer les "sequels" horrifiques ou fantastiques est éminemment liée aux possibilités limitées de renouvellement, les thématiques et plus encore le caractère des personnages ayant déjà été ébauchés voire traités dans les opus précédents. Dans la tradition horrifique, le "méchant" ou l'antagoniste devient souvent le personnage récurent voire principal de la série (Freddy, Jason, Anabelle...), parfois le développement d'une saga impose au fil des "épisodes" protagonistes et antagonistes identiques (Halloween par exemple). Renouveler la franchise au fil des films s'avère alors délicat et nécessite une belle imagination scénaristique (et la volonté de le faire) pour que l'exercice ne devienne pas uniquement un hommage insipide aux glorieux ainés.

C'est ce qu'avait plutôt bien réussi dans l'épisode précédent Jason Reitman, le fils du papa de la saga Ghostbusters, en mêlant habilement nouveaux personnages (la descendance de Spengler) et retour/hommage des anciens, pour insuffler un vent de fraicheur bienvenu sur une saga bien écornée par le reboot de 2016.

Mais voilà, dans les couloirs des majors hollywoodiennes, là où les fantômes de la créativité ne rôdent plus, où l'hommage nostalgique est devenu un projet en soi afin d'amorcer à moindre coût la pompe à dollars, la nouveauté est devenue une terre inconnue qui terrorise. Il est donc de bon ton de se rassurer en recyclant les vielles recettes, même si les légumes ne sont plus très frais. D'où, l'idée non seulement de réutiliser les mêmes ingrédients qu'en 2021, mais en déplaçant l'intrigue à New-york, là ou tout a commencé pour accentuer un peu plus le côté redite (pardon nostalgie). Mais, comme dirait l'autre, à un moment donné, c'est plus possible.

Direction The Big Apple donc pour la famille Sprengler/Grooberson qui occupe désormais la mythique caserne des Ghosbusters, puisque "The originals", les anciens chasseurs de fantômes, ont mis au point un tout nouveau labo, face à la plus grande menace fantomatique jamais vue (enfin c'est vendu comme tel), qui glace le sang et tout le reste. Comme à l'habitude, les fantômes sont globalement réussis, nous offrent quelques scènes savoureuses de confrontation, quelques frissons même, toujours dans cette tonalité mi-horrifique, mi-comique qui fait le sel de la saga, mais la part réservée à ces scènes demeure assez marginale. L'active scène d'ouverture dans New-york est bien vite oubliée, les scènes avec les hilarants Mini-Puft ou la voix chaude de Ray Parker Junior trop longtemps attendue ne suffiront pas non plus à nous convaincre totalement. "La menace de glace" réserve en effet la majeure partie de son traitement au "développement" des personnages, qui, s'ils demeurent sympathiques évoluent peu, les nouveaux, Nadeem, la sphère maléfique (?) et Melody (en fantôme ado, amie presqu'imaginaire de Phoebe) n'ont pas un charisme inoubliable et ce numéro 4 (ou 5 c'est selon) se perd dans des dialogues et sous intrigues souvent sans intérêt :

- Chéri, tu peux être ferme avec les enfants même si ce ne sont pas les tiens (sois Rudd, Gary)

- D'accord amour, mais je resterai gentil avec toi....


De fil en aiguille, c'est un sentiment de trop plein qui peu à peu émerge, trop de personnages, une succession de scènes courtes pour tous les assimiler, la sensation d'être à une réception avec de trop nombreux invités où chacun veut tirer la couverture à soi en y allant de sa punchline...

Et puis, il y a Bill, le grand l'immense, qui parait bien fatigué, et c'est bien triste, ou alors il s'en fout royalement, est juste venu pour prendre un peu d'argent et revoir les copains... Et du fond du cœur j'espère que la seconde hypothèse est la bonne.

Yoshii
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le 9 avr. 2024

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le 9 avr. 2024

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