Après le très bon "Blue Velvet", David Lynch réalise en 1990 "Sailor et Lula", qui remporta la Palme d'Or à Cannes la même année.
L'histoire, Sailor (Nicolas Cage) et Lula (Laura Dern) couple follement amoureux s'enfuit sur les routes désertiques du Texas en quête de liberté. La mère de la jeune femme (Diane Ladd), désapprouvant cette union, se met à sa recherche aidée de son mari (Harry Dean Stanton) et d'un inquiétant gangster (J. E. Freeman). Les deux amants vont vivre une cavale faite de rencontres improbables et d'obstacles inattendus.
Dès les premières minutes Lynch annonce la couleur avec cette scène où le personnage de Cage tue brutalement devant les yeux de tout le monde un homme ayant juste manqué de respect à Lula sur fond de musique métal, ce film se veut clairement sulfureux et extrême.
Le réalisateur revisite en quelque sorte l'histoire de Roméo et Juliette en mode trash, mais avec des nuances poétiques, le passage du concert où l'on passe des riffs endiablés de heavy métal au chant doux et passionné de Sailor sur "Love me Tender" exprime parfaitement cette image.
Ce film évolue lentement mais sûrement, un road movie fou à la mise en scène allant encore plus loin que son précédent long métrage, et qui montre déjà les prémisses de celle de "Twin Peaks". Le thème du conte est très distinctement identifiable (boule de cristal, sorcière, fée ...) et contraste avec cette débauche de violence et sa galerie de personnages tous aussi atypiques et macabres; d'ailleurs la prestation de Willem Dafoe est a souligner, il est absolument parfait dans son rôle de truand flippant et déjanté.
Mais voilà, je dois bien l'avouer, "Sailor et Lula" est un des Lynch que j'apprécie le moins, même si il a des qualités de réalisation indéniables, une belle palette visuelle et une interprétation globalement positive, je l'ai trouvé beaucoup moins captivant et immersif que ces autres films, les défauts que je trouvais à "Blue Velvet" se sont ici amplifiés. La bande son est également assez décevante ainsi que la fin du film, bizarrement trop "happy end".
Néanmoins c'est loin d'être un mauvais film et il reste tout de même à voir si on s'intéresse au parcours du réalisateur.