Le 6 décembre étant déjà passé, il est sans doute un peu tard pour vous proposer un film parlant d’un Saint Nicolas tueur en série… N’ayant pas fait mon travail pour le Poiscaille à temps, j’ai fait un cauchemar la nuit du 5 au 6. J’ai rêvé du père Fouettard (avec une tête de Mittal – c’est grave, docteur ?) qui me disait : « Tu n’as pas terminé ton article dans les délais ? Tu seras condamné à manger des pissenlits par la racine ! » Et là je me suis dit qu’il y avait un message caché dans ce songe étrange : j’ai immédiatement pensé à Georges Lautner, décédé dernièrement. Il me suffit, pour me racheter de mon retard, d’écrire un deuxième article en hommage à ce cinéaste sur son film Des pissenlits par la racine (à lire sur ce site prochainement). Et le tour est joué ! Mais à présent, place au Patron des Écoliers dans son rôle le plus sombre de l’histoire du cinéma… Voici Saint, par le réalisateur hollandais Dick Maas – célèbre depuis un autre de ses films d’horreur, L’Ascenseur (1983).
La nuit du 5 décembre, tous les 42 ans, c’est la pleine lune. Depuis des siècles, c’est le moment que choisit Saint Nicolas non pas pour apporter des cadeaux aux enfants sages mais bien trucider tout le monde dans la ville d’Amsterdam. Secondé d’une horde de pères Fouettards tous plus meurtriers les uns que les autres, Frank et Lisa, deux jeunes gens habitant la métropole, vont tenter de vaincre ce démon au faciès de zombie et à la mitre rouge…
Dick Maas joue la carte de la comédie horrifique avec brio. Quelles que soient les situations, on ne sombre jamais dans l’horreur insupportable, et le côté comique n’est jamais trop poussé non plus, le cinéaste ne cherchant nullement à faire rire à tout prix. Un savant équilibre entre les deux tendances donne un mélange homogène et cohérent de sanguinolence gaudriolesque. (On peut à ce propos décerner la Palme d’or de la mort la plus ridicule à celle qui survient juste après la réplique « Hé ! Hugo ! Tu te tapes quand-même pas une branlette par ce froid ? » - je vous laisse la surprise).
Cette attaque au mythe de Saint-Nicolas est une première, personne avant Dick Maas n’avait osé s’en prendre de manière aussi virulente à une figure censée être rassurante pour les enfants. L’idée n’est toutefois pas neuve, si l’on se souvient de Black Christmas (1974) de l’Américain Bob Clark, fustigeant quant à lui l’image du Père Noël. Et quand verra-t-on sur nos écrans une Petite Souris arracheuse de dents dressée par Le Dentiste (1996) de Brian Yuzna ?
(cette critique aurait dû paraître sur le site du mensuel satirique "Le Poiscaille" en décembre 2013. Elle est à ce jour toujours inédite sur le site du magazine).