Après le faux pas Near Death Experience, qu'est-ce que je suis content de retrouver le duo grolandais Delépine/Kervern, pour un film qui n'appartient qu'à eux, à savoir les retrouvailles d'un père et de son fils à l'occasion d'une tournée de la carte des vins en France, accompagnés par un chauffeur de taxi.
Contrairement aux deux précédentes itérations, incluant Le grand soir, c'est ici une histoire optimiste, sur l'amour perdu, celle d'une épouse et mère, mais traité sous une forme désopilante et non-sensique qui a l'air d'être fait pour moi. J'ai beaucoup ri, avec des scènes aussi incroyables que Michel Houellebecq louant sa maison, la rencontre entre Benoit Poelvoorde et Ovidie, où ce dernier essaie d'attraper son préservatif Jacques Chirac datant probablement de 1995, les rencontres de Vincent Lacoste avec des filles rencontrées sur des sites genre Meetic, ou le moment fantastique où Poelvoorde raconte les dix étapes de l'alcoolisme. Personnellement, je ne bois pas, ça ne m'intéresse pas, mais cette dernière scène représente à mes yeux ce que picoler a de pire et de pathétique.
Mais il y a aussi beaucoup d'émotions, notamment du côté de Gérard Depardieu, d'une grande sobriété, et dont on croit qu'il est le père de Poelvoorde, pas seulement à cause de ses cheveux teints. Mais il y a une rencontre formidable avec Andréa Ferreol qui pourrait être un prolongement de sa relation avec sa femme disparue, dont il continue à lui laisser des messages sur son répondeur.
Il y a aussi une scène que j'aime beaucoup, c'est quand il rencontre une jeune serveuse, qui pique une crise de nerfs à cause de la hausse de la dette la France (!) : en quelques paroles, Depardieu arrive à la rassurer d'une façon qui donne l'impression qu'elle a été comblée par des mots apaisants.
Du coup, la magie du cinéma, le film tourne beaucoup autour du vin, donc de l'alcoolisme à forte dose, et je me demande si Poelvoorde, qui a déjà dit qu'il était un ancien buveur, ne s'est pas reconnu dans ce rôle. Il a quelque chose de l'abruti total, en situation de détresse, qui ne trouve son salut que dans la bouteille, probablement encore dans le chagrin d'avoir perdu sa mère, et dont il reste un type attachant, pas forcément fréquentable car il a l'air totalement négligé avec ses cheveux en sueur, mais on n'a pas envie de le laisser tomber, et son seul refuge pourrait être l'amour du titre.
Vincent Lacoste n'est pas en reste ; lui qui veut croquer de la fille rencontrée sur Internet, qui se débine quand il en rencontre une qui est paralytique et atteinte d'un cancer, et une autre qui est la version obèse d'une femme magnifique, on se rend compte qu'il ment à propos de sa femme imaginaire et ses trois enfants, lors d'une dernière partie où intervient Céline Sallette, dont le prénom, Vénus, explique quasiment tout.
Il y a aussi le plaisir de croiser Chiara Mastroianni et Gustave Kervern.
Bien qu'on sente que le film semble parfois improvisé, car Poelvoorde semble faire ce qu'il veut, mais avec du génie, il y a quand même un côté fleur bleu qui ressort des réalisateurs, dans le sens où c'est la Femme qui est l'avenir de l'homme, même avec quelques verres de trop.
Vous aurez compris que j'ai adoré ce film, à la fois barré, foutraque, hilarant, bedonnant, alcoolisé, mais surtout touchant.